Intervention de Pierre Louault

Commission des affaires économiques — Réunion du 28 septembre 2022 à 9h35
Compétitivité de la ferme france – examen du rapport d'information

Photo de Pierre LouaultPierre Louault :

rapporteur. – Laurent Duplomb a parfaitement décrit le processus qui nous emmène à la catastrophe. La « malbouffe » est un problème non pas d’origine des aliments, mais uniquement d’éducation alimentaire. On ne sait plus faire la cuisine ; on ne mange plus de légumes ; on mange trop gras.

Nous sommes en train de détruire l’agriculture la plus performante. Prenons l’exemple de l’élevage en zone de montagne ou en zone défavorisée. Parce que les vaches ruminent et produisent du carbone, on donne la priorité aux élevages industriels d’Europe du Nord, qui produisent à partir de céréales tout en émettant également du carbone, mais sans aucune contrepartie. Pourtant, les zones défavorisées absorbent plus de carbone qu’elles n’en produisent. Nous sommes en train de détruire ce système.

Autre exemple : celui de la pomme. On a rajouté cette année des surréglementations pour protéger les pollinisateurs. Une de mes connaissances, producteur bio, s’est fait « attraper » par la police de l’environnement : il était parti traiter sa parcelle le matin de bonne heure comme on le préconise, mais le vent s’est levé avant qu’il n’ait pu vider sa citerne. Menacé d’une amende de 50 000 euros, il m’a confié ne plus savoir que faire.

Un autre producteur a dû jeter 30 % de ses fruits après avoir rencontré des problèmes de ressources en eau. « Si je ne prends pas ma ressource, m’a-t-il dit, j’arrête. J’ai cent ruches en permanence dans mon verger et on me dit que je fais crever les abeilles ».

Les agriculteurs ont du bon sens. Ils savent les jours où le traitement des cultures est possible. On a tellement légiféré que même eux sont condamnés à mourir. Le législateur et les lobbies n’y connaissent rien. Nous sommes en train d’assécher volontairement les rivières et de détruire tous les barrages. Dans mon département pourtant, toutes les zones humides sont liées à des barrages ou des étangs créés par les moines ! Nous marchons sur la tête. Nous avons l’exemple de l’Allemagne et de son gaz et nous reproduisons la même erreur avec notre agriculture.

Je ne pourrai pas répondre à toutes les questions. Notre rapport n’est pas complet. Nous nous sommes volontairement limités à cinq produits pour traiter le sujet en profondeur, mais le problème se pose pour tous les modèles agricoles. On nous dit qu’il ne faut plus exporter. Que va-t-on faire dès lors de l’Afrique ? La donner à Poutine et aux autres pour qu’ils se nourrissent ? Nous avons perdu, déjà, cette capacité à nourrir ceux qui souffrent de la famine. Qu’il y ait un problème de surpopulation dans le monde, nous sommes d’accord, mais on ne peut inventer tout et son contraire.

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