présidente. – Ce débat passionne, car il touche à ce qui fait l’essence de notre pays et de notre territoire. Il touche aussi au quotidien des Français, auxquels nous sommes tous attachés, et à la notion même de vie qu’apporte la nourriture. Il y a peu de secteurs d’activité qui, comme l’agriculture et l’énergie – Sully aurait dit les deux mamelles de la souveraineté –, soient autant au fondement de notre société et de notre identité nationale.
Au vu des six mois de travail de nos rapporteurs et administrateurs, je dirai à ceux qui pensent que le prisme était trop réduit qu’ils font erreur. Nous avons choisi des produits emblématiques de la consommation du quotidien pour trouver des recommandations applicables à l’ensemble des filières agricoles.
Peut-être ne l’avons-nous pas suffisamment dit dans notre présentation liminaire : ce rapport n’est pas à charge. Il dit simplement que la politique du « tout haut de gamme » qui a été menée depuis plusieurs années par les gouvernements successifs n’est pas la seule solution. L’agriculture a bien entendu pour vocation de monter en gamme et de répondre à ce marché. Le rapport dit simplement que nous nous sommes trop focalisés collectivement sur cette solution, oubliant l’essentiel du marché en volume.
Contrairement à ce que j’ai pu entendre, ce rapport n’appelle pas non plus la fin du bio et de l’exigence environnementale. Il ne remet pas en cause notre modèle de ferme et d’agriculture basé sur de nombreuses petites exploitations.
Avec certains collègues, nous nous sommes rendus cet été aux États-Unis. Nous avons vu les conditions de production maraîchère en Californie. Ce n’est pas le modèle que nous souhaitons ! Le modèle français, avec son agriculture familiale, ses cheptels et ses exploitations de petite taille, est loin d’être le pire. C’est précisément pour le protéger que nous voulons travailler sur la compétitivité. L’observation des rapporteurs selon laquelle la main-d’œuvre coûte moins cher au Maroc ne signifie pas non plus que nous voulons importer ce système dans notre pays. Nous désirons, aussi, protéger le statut des agriculteurs et des salariés agricoles en France.
Il s’agit donc, pour nous, de travailler sur la compétitivité dans le but de protéger l’agriculture française. « Compétitivité » n’est pas un gros mot : c’est ce qui sauvera le modèle français tel que nous souhaitons le voir perdurer.
Je remercie à nouveau les rapporteurs et soumets leur rapport à votre vote.
Les recommandations sont adoptées.