président. – Avant d’entendre Manuel Tunon de Lara, permettez-moi, en notre nom à tous, de féliciter le nouveau lauréat du prix Nobel de physique, Alain Aspect, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), professeur de l’Université de Paris-Saclay et professeur à l’École polytechnique. Ce prix, partagé avec deux collègues chercheurs américain et autrichien, récompense leurs travaux novateurs en physique quantique, qualifiés de « seconde révolution quantique ». Cette distinction est une immense fierté pour la recherche française et une nouvelle preuve de sa très grande qualité. Nous avons la responsabilité de veiller à garder des talents de cette envergure dans notre pays et à en faire éclore de nouveaux.
Un mois après la rentrée universitaire, il me semblait important que notre commission puisse échanger avec le président de France Universités – nouvelle dénomination de la Conférence des présidents d’université (CPU) –, association qui fédère les dirigeants exécutifs des universités et des établissements d’enseignement supérieur.
Monsieur le président, c’est la première fois que vous vous exprimez devant notre commission ; je vous souhaite donc la bienvenue. Professeur de pneumologie, vous avez dirigé l’Université de Bordeaux de 2014 à 2022 et avez été élu à la tête de France Universités en décembre 2020.
La rentrée universitaire 2022 est la première de la nouvelle ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, que nous avons reçue en juillet dernier. Les dossiers qu’elle a à traiter ne manquent pas ; je mentionnerai les principaux, sur lesquels nous sommes intéressés par votre analyse, en vue notamment de l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2023.
S’agissant des établissements, cette rentrée est évidemment marquée par l’envolée des prix de l’énergie. Une polémique est née de la décision de l’Université de Strasbourg de fermer ses portes deux semaines supplémentaires cet hiver pour faire face à la crise énergétique. La ministre a réagi en affirmant que si tous les établissements d’enseignement supérieur devaient « réfléchir à un plan de sobriété », il ne fallait « surtout pas » que cela se fasse « aux dépens des étudiants ». Comment concilier ces deux objectifs ? Comptez-vous sur une compensation de l’État ? À ce stade, rien ne semble prévu dans les crédits du prochain PLF…
Ceci m’amène à la question des moyens. L’ambition de la ministre est de privilégier une planification pluriannuelle pour donner plus de visibilité aux établissements. Cette démarche doit se traduire, dès 2023, par la signature de premiers contrats pluriannuels d’objectifs, de moyens et de performance (COMP), destinés à responsabiliser davantage tous les acteurs. Ce nouvel outil contractuel est-il, selon vous, de nature à renforcer l’autonomie des universités ? Doit-il s’appliquer à toutes, quelle que soit leur taille ?
J’en viens maintenant aux étudiants. La ministre entend mettre l’accent sur le premier cycle, en travaillant notamment avec son collègue de l’éducation nationale sur le continuum bac –3/bac +3, cher à notre commission. Quelles voies d’amélioration identifiez-vous sur ce sujet ?
La ministre a également annoncé, il y a quelques semaines, l’ouverture en 2023 d’une nouvelle plateforme numérique qui doit faciliter l’affectation des étudiants en master, avec pour objectif de résorber les tensions entre l’offre et la demande à l’université. Qu’en attendez-vous ?
Enfin, une concertation sur la vie étudiante doit débuter ce mois-ci avec les acteurs des territoires, les établissements et les étudiants pour traiter de sujets aussi cruciaux que les bourses, la santé mentale, le logement, la restauration, l’accès au sport et à la culture… Comment abordez-vous cet exercice ?