Intervention de Stéphane Demilly

Réunion du 5 octobre 2022 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Montée du sentiment anti-français en afrique

Photo de Stéphane DemillyStéphane Demilly :

Ma question s’adresse à Mme la ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

Bamako, Bangui, Yaoundé, Dakar, N’Djamena, et, samedi dernier, Ouagadougou : partout en Afrique, le sentiment anti-français grandit et se manifeste de plus en plus violemment.

Les contestataires, d’une part, exigent le retrait des institutions françaises de la gestion du franc CFA et, d’autre part, s’opposent à la présence militaire de notre pays sur leur continent. Les réseaux sociaux, massivement utilisés dans une guerre de l’information et de la manipulation, amplifient évidemment le phénomène. Et la présence sur le continent africain de puissances comme la Chine ou la Russie contribue à changer la donne. La Russie se présente ainsi comme un partenaire alternatif face à l’impasse militaire française au Sahel, via une société paramilitaire privée que je n’ai pas besoin de nommer. Ironie de l’Histoire, nous avons vendu l’immeuble du ministère de la coopération à des Russes, qui l’ont eux-mêmes ensuite revendu à l’État chinois pour abriter son ambassade. Certains y voient un symbole de notre politique à l’égard de l’Afrique.

Bref, il y a, et vous le savez mieux que quiconque, une spirale exponentielle d’un sentiment et d’actes anti-français sur place. Les milliards d’euros d’aide publique au développement ne changent pas la donne, car ce jugement est irrationnel, et le malaise extrêmement profond.

Par maladresse peut-être, par manque de communication assurément, nous ne parvenons pas à convaincre ou tout simplement à rassurer les populations locales sur nos louables intentions. Il y a vingt ans, en Afrique, les slogans anti-français étaient du style : « On en a marre ! » ; aujourd’hui, le slogan récurrent est : « France dégage ! ». Nous sommes donc en droit de nous inquiéter sur la nature du slogan de demain.

Madame la ministre, comment interrompre un tel processus de dégradation de l’image de notre pays, qui a des répercussions directes sur nos entreprises présentes sur place – on leur laisse parfois quarante-huit heures pour quitter le territoire ! – et sur nos quelque 250 000 compatriotes expatriés présents sur ce continent ?

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