Intervention de Annick Billon

Réunion du 5 octobre 2022 à 15h00
Atteintes aux droits des femmes et aux droits de l'homme en iran — Débat d'actualité

Photo de Annick BillonAnnick Billon :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le 16 septembre dernier, la mort de Mahsa Amini, âgée de seulement 22 ans, après son arrestation par la police des mœurs pour avoir porté une tenue jugée non appropriée, nous a profondément choqués.

Depuis lors, l’Iran connaît une contestation populaire d’une ampleur inédite. Des femmes, des hommes, la jeunesse iranienne manifestent chaque jour dans les villes d’Iran pour exprimer leur colère.

Le mouvement de contestation entre dans sa troisième semaine et ne faiblit pas, tout comme la répression sanglante organisée par le pouvoir en place.

Les dernières nouvelles qui parviennent à sortir du pays, malgré les coupures d’internet organisées par le gouvernement, font état d’une centaine de morts et de plus d’un millier d’arrestations arbitraires.

La police n’hésite plus à entrer dans les universités pour réprimer les étudiants soupçonnés d’apporter leur soutien à la lutte pour le droit des femmes.

La persécution des femmes en Iran perdure depuis de nombreuses années. Si l’on a pu espérer quelques améliorations de leur statut sous le mandat de Hassan Rohani, l’élection du président Ebrahim Raïssi a mis un terme aux espoirs de progrès en faveur du droit des femmes.

Dans son dernier rapport annuel sur l’Iran, Amnesty International est sans concession. Les discriminations envers les femmes sont nombreuses : mariage, divorce, emploi, succession ou encore accès aux fonctions politiques… Les inégalités perdurent.

Les droits des femmes et des filles sont bafoués par le régime iranien. Par exemple, l’âge légal du mariage est toujours fixé à 13 ans. Les pères peuvent même obtenir des autorisations pour marier leurs filles à un âge encore plus jeune.

Le port du voile, imposé par la loi, est synonyme de harcèlement quotidien, d’invisibilisation des femmes, de détentions arbitraires, d’actes de torture et d’autres mauvais traitements de la part des gardiens de la révolution.

Ces contestations, qui se sont levées à la mort de Mahsa Amini, ne reflètent pas seulement le recul du droit des femmes ; elles dénoncent tout un régime et ses abus.

« Femmes, vie, liberté ! » : nous devons faire nôtre ce magnifique slogan des manifestantes et manifestants qui ont le courage de défier le pouvoir en place pour mettre fin aux terribles discriminations dont sont victimes les femmes iraniennes.

La communauté internationale, si elle est attachée à la défense des droits des femmes, doit envoyer un signal fort et unanime pour soutenir cette contestation historique.

Madame la ministre, quelles actions en faveur de la contestation populaire iranienne le Gouvernement compte-t-il mettre en place ? Le sujet fera-t-il l’objet d’échanges lors de la réunion informelle des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne ? Des sanctions semblent être en discussion. Qu’en est-il ?

Que penser de l’élection de l’Iran à la Commission de la condition de la femme des Nations unies en 2021 alors que la persécution des femmes y est systématique ? Ce pays a-t-il vraiment sa place dans une instance internationale ayant pour objet de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ?

Faisons nôtre ce slogan : « Femmes, vie, liberté ! »

1 commentaire :

Le 22/10/2022 à 14:53, aristide a dit :

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Ben oui, liberté de porter le foulard à l'école.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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