Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le 16 septembre dernier, une jeune femme de 22 ans est morte alors qu’elle était aux mains de la police des mœurs iranienne pour « port de vêtements inappropriés ».
Depuis lors, les femmes et la jeunesse iraniennes se soulèvent massivement dans la rue et dans les universités pour crier une révolte légitime. En réponse, l’appareil sécuritaire iranien réprime ces manifestations avec brutalité.
Si nous sommes toutes et tous réunis aujourd’hui dans cet hémicycle, c’est parce que l’arrestation, puis la mort de Mahsa Amini et la répression des manifestations, que nous déplorons, nous choquent profondément.
D’aucuns pourraient penser que débattre de l’atteinte aux droits des femmes et aux droits de l’homme à 5 000 kilomètres de Téhéran, comme nous le faisons aujourd’hui, est inutile et vain. Je pense tout le contraire, car c’est de la liberté qu’il est question. Je veux croire que la liberté n’est jamais acquise, qu’elle ne se décrète pas, mais qu’elle s’exerce et qu’il est important d’en débattre encore ici aujourd’hui.
Si ce débat nous permet de condamner la mort de Mahsa Amini et la répression violente des manifestations qui a suivi, il est surtout l’occasion de rappeler que les combats pour la liberté et contre les violences faites aux femmes sont loin d’être gagnés.
Aussi la France doit-elle utiliser toute son influence pour promouvoir l’universalisation de la convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe, qui représente aujourd’hui l’instrument international le plus abouti dans cette lutte indispensable contre les violences faites aux femmes. Sans doute faut-il aussi, avec nos partenaires européens, envisager la possibilité de recourir au régime de sanctions de l’Union européenne en matière de droits de l’homme.
Par ailleurs, en tant que sénatrice des Français de l’étranger, comment ne pourrais-je pas évoquer les quelque 1 500 de nos concitoyens qui vivent aujourd’hui en Iran ? Plus de 80 % d’entre eux sont des binationaux. Or l’Iran ne reconnaît pas la double nationalité. Autrement dit, les binationaux qui y sont retenus ne peuvent pas bénéficier de l’assistance consulaire de la France. Le contexte actuel fait que cette communauté binationale, naturellement très sensible à la question des droits de l’homme et des droits des femmes, est particulièrement exposée. Elle court le risque d’une arrestation et d’une détention arbitraires et d’un jugement inéquitable. Ces derniers jours, la presse s’est d’ailleurs fait l’écho de l’annonce du ministère iranien du renseignement indiquant que neuf ressortissants étrangers auraient été arrêtés, dont au moins un Français. Je veux ici relayer la vive inquiétude de la communauté française en Iran et dire que la France doit tout mettre en œuvre pour protéger ses ressortissants.
Notre groupe condamne fermement l’arrestation et la mort de Mahsa Amini, ainsi que la répression violente des manifestations qui a lieu aujourd’hui en Iran. Nous soutenons vivement cette demande de liberté des femmes iraniennes.