Intervention de Laurence Rossignol

Réunion du 5 octobre 2022 à 15h00
Atteintes aux droits des femmes et aux droits de l'homme en iran — Débat d'actualité

Photo de Laurence RossignolLaurence Rossignol :

Voilà quarante-trois ans que les Iraniennes et les Iraniens, qui avaient fait tomber la dictature du Shah, vivent sous une autre dictature ; quarante-trois ans que les mollahs ont confisqués les révoltes populaires et les aspirations démocratiques de 1978 et 1979 ; quarante-trois ans que nous accueillons nos amis féministes, démocrates, syndicalistes, kurdes, homosexuels ; quarante-trois ans que nous lisons leurs livres, que nous voyons leurs films et que nous faisons ce que nous pouvons pour que l’on ne s’habitue pas à la répression, aux pendaisons, aux décapitations et aux persécutions ; quarante-trois ans que la République islamique d’Iran impose à son pays et au monde sa haine des femmes et des juifs.

Alors aujourd’hui, nous pleurons d’émotion. Nous tremblons de peur. Chaque matin, nous regardons les vidéos que, au péril de leur vie, des Iraniennes et des Iraniens ont tournées pendant les manifestations, dans les universités, dans les collèges, dans les rues.

C’est une révolution féministe qui a émergé aujourd’hui en Iran : une révolution féministe qui entraîne une insurrection générationnelle et qui recueille le soutien d’une grande partie de la population.

Les femmes, qui sont l’obsession des islamistes partout, sont aussi leurs premières menaces, parce que leur combat est universel, parce que ce sont elles qui sont le ferment de la rébellion. En fait, les Iraniennes ne s’y trompent pas : personne n’est libre dans un pays où les femmes ne le sont pas.

Beaucoup de nos collègues avant moi ont eu des mots très beaux, très forts, pour dire leur solidarité avec le peuple iranien, pour dire leur crainte du lendemain, leur crainte d’apprendre que ces jeunes gens que l’on connaît pour les avoir vus dans des vidéos ont disparu et que leur corps a été rendu à leur famille. Tout le monde tremble, sachant que la répression sauvage peut s’abattre sur tout un chacun.

Je dirai toutefois en toute courtoisie à certains de nos collègues – je peux me le permettre, car personne ne m’a jamais prise en défaut lorsqu’il s’est agi de qualifier le voile islamique, l’abaya, le hijab, tous ces oripeaux, pour ce qu’ils sont : les outils d’un projet religieux et politique, qui tous portent en eux l’oppression et la domination des femmes – que nous ne devons pas aujourd’hui poursuivre nos discussions franco-françaises, voire franco-européennes, en saisissant le prétexte de la révolte en Iran. Nous aurons l’occasion de poursuivre ces discussions, ne vous inquiétez pas !

1 commentaire :

Le 22/09/2023 à 21:10, aristide a dit :

Avatar par défaut

"car personne ne m’a jamais prise en défaut lorsqu’il s’est agi de qualifier le voile islamique, l’abaya, le hijab, tous ces oripeaux, pour ce qu’ils sont : les outils d’un projet religieux et politique"

Madame s'est convertie à l'idéologie d'extrême droite ?

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Inscription
ou
Connexion