Intervention de Régis Aubry

Commission des affaires sociales — Réunion du 11 octobre 2022 à 14h00
Questions éthiques relatives aux situations de fin de vie : autonomie et solidarité — Audition du professeur jean-françois delfraissy président du comité consultatif national d'éthique ccne et de Mm. Régis Aubry et alain claeys rapporteurs sur l'avis du ccne

Régis Aubry, rapporteur sur l’avis n° 139 du Comité consultatif national d’éthique sur les questions éthiques relatives aux situations de fin de vie :

– Il nous faudrait bien plus que le temps imparti pour débattre de l’autonomie et de la dignité.

Quoi qu’il en soit, une vision absolutiste de l’autonomie n’est effectivement pas adaptée. Plus on est malade, plus on a besoin d’autrui pour exercer son autonomie. C’est ainsi que s’établit une relation de confiance entre le malade et son entourage. Plusieurs études publiées par l’Institut national d’études démographiques (Ined) montrent que plus on s’approche de la fin de son existence, plus souvent on change d’avis.

Toutefois, on ne peut pas nier son autonomie à une personne au seul motif qu’elle est malade. Certains cheminent pendant des semaines et des mois. Leur demande est élaborée, fruit de longues discussions. Il serait irrespectueux et indigne de considérer que la personne n’est plus capable d’autonomie au seul motif qu’elle est en fin de vie. D’où l’importance du travail d’accompagnement, d’écoute et d’aide au cheminement, qui reste insuffisamment valorisé. Trop souvent, l’acte technique prime le relationnel et l’humain. Or on prendrait un risque à se cantonner à la question du droit sans entreprendre de développer une culture palliative.

La priorité est moins l’évolution du droit que l’orientation des politiques publiques dans le domaine de la santé. L’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité doit-il s’inscrire plus largement dans un devoir de solidarité ? En effet, c’est au prisme de notre rapport à la solidarité que le débat public doit se faire. Je reste convaincu, quant à moi, que nous faisons société parce que nous faisons solidarité.

Enfin, je préfère employer le mot « dignité », comme le faisait Robert Badinter en l’appliquant à toute personne en vie. La dignité est une notion presque ontologique, dès lors que l’on est en vie. Voilà pourquoi il vaudrait mieux réfléchir à « vivre dans la dignité » plutôt qu’à « mourir dans la dignité ».

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion