Intervention de Christian Geissmann

Délégation aux entreprises — Réunion du 27 janvier 2022 à 9h06
Table ronde sur la transmission d'entreprise « les enjeux généraux de la transmission perçus par les entreprises » avec mme bénédicte caron vice-présidente de la cpme en charge des affaires économiques en visioconférence m. christian geissmann représentant de cci france trésorier de la cci alsace-métropole et m. philippe d'ornano co-président du meti président du directoire de sisley

Christian Geissmann, trésorier de la CCI Alsace-Métropole, représentant CCI France :

Je suis avant tout un chef d'entreprise, engagé auprès des entreprises depuis 40 ans. J'ai rejoint la CCI et CCI Entreprendre en France il y a 17 ans. Je représente l'Alsace, région très dynamique, où je rencontre des entreprises au quotidien.

Plus de 90 % de nos entreprises comptent moins de 20 salariés. Ce sont celles-ci que nous défendons en particulier, et mes propos seront principalement orientés dans ce sens.

L'engouement pour l'entreprenariat est bien réel. Les gens ont souvent envie créer plutôt que de reprendre. Notre rôle, aux CCI, consiste à leur expliquer que la création d'entreprise est une bonne chose, mais qu'il est aussi intéressant de considérer la reprise.

Depuis 2017, nous observons que les Français épargnent massivement. Un Observatoire a été créé au sein de la BPCE en vue d'identifier les opérations de cession et de transmission. De plus en plus d'études universitaires évoquent l'aspect psychologique de la transmission d'entreprise.

Nous avons également mis en place en 2017 un baromètre auprès de nos chefs d'entreprise. Nous en avons interrogé près de 90 000. Il en ressort que l'anticipation de la reprise d'entreprise ne dépend pas de l'âge du dirigeant.

Certains chefs d'entreprise estiment qu'à 60 ans et plus, il est encore trop tôt pour y penser. Or, une reprise ou une cession d'entreprise doit très souvent se préparer entre trois et cinq ans en amont.

Lorsque nous interrogeons les chefs d'entreprise, très peu se montrent intéressés par l'idée de céder leur entreprise à leurs enfants (moins de 20 % des intentions), voire à leurs salariés (à peine 10 %). Cette situation s'explique notamment par les horaires étendus qu'implique cette activité.

Que faut-il faire dans les années à venir ? Il n'existe pas de recette miracle, mais nous avons quelques idées. Il faut encore simplifier et rendre plus lisible la cession et la reprise d'entreprise. Globalement, nous manquons tous de visibilité auprès de nos chefs d'entreprise. Il faut que nous trouvions de nouveaux moyens de communication.

De plus, il faut que les chefs d'entreprise soient accompagnés. Si les experts-comptables restent la première porte d'entrée, nous devons travailler avec eux et avec les centres de gestion agréés afin d'identifier les problématiques ensemble.

Nous avons engagé l'année dernière au niveau de la CCI des rencontres qui mettent en contact des cédants et des repreneurs. Nous allons poursuivre ces actions d'information au niveau national sur les territoires.

En outre, nous avons constaté que près de 50 % des apprentis exprimaient le souhait de reprendre ou de créer une entreprise après quatre années. Nous avons donc mis en place le permis d'acquérir et de transmettre auprès des jeunes en vue d'accompagner aussi bien le repreneur que le cédant.

Nous avons interrogé 90 000 entreprises, et nous avons mis en oeuvre des appels téléphoniques pour sensibiliser les chefs d'entreprise de plus de 50 ans à la cession de leur entreprise.

En 2020, nous avons détecté 3 500 cédants qualifiés au niveau national à travers le réseau des CCI. 835 ont participé à des ateliers thématiques. 4 500 entreprises ont été accompagnées de manière individuelle.

En 2020, près de 10 000 cédants ont été accompagnés, en plus des 420 000 que nous avons sensibilisés. L'opération téléphonique a donné lieu à plus de 7 000 entretiens de sensibilisation et de qualification et à 2 000 entretiens d'accompagnement.

En conclusion, quelles sont nos propositions ?

- une simplification et une clarification des modalités de cession d'une entreprise : lorsqu'un cédant envisage de vendre son entreprise, il faudrait qu'il puisse se renseigner en quelques minutes sur le coût de la fiscalité relative à cette cession ;

- l'extension du pacte Dutreil aux salariés : les salariés pourraient être intégrés en amont à un éventuel pacte pour reprendre leur entreprise ;

- un travail sur l'épargne des Français : pourquoi ne proposerions-nous pas aux Français qui disposent d'une épargne de reprendre une entreprise locale, en bénéficiant d'une réduction d'impôts de 50 % ? ;

- la formation, l'accompagnement et le suivi des jeunes qui souhaitent reprendre une entreprise.

Il faut que le cédant et le porteur de projet puissent identifier les structures existantes. Or, il en existe un grand nombre : les experts-comptables, les partenaires bancaires, la BPI, etc. Il faut que, tous ensemble, nous tenions le même discours, avec une seule porte d'entrée.

Nous estimons que dans les 10 prochaines années, environ 700 000 entreprises se trouveront potentiellement en situation de cession. Le marché est énorme et représente de nombreux emplois. Il y a matière à agir ; faisons-le tous ensemble.

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