Je vais prendre un cas concret pour illustrer la question de la relation de confiance entre repreneurs et cédants.
Lundi soir, nous allons signer une cession d'entreprise avec la CCI, qui fait suite à un processus de trois ans. Il s'agit d'une entreprise locale de 30 collaborateurs, plus une vingtaine d'intérimaires.
Le premier acquéreur qui s'était présenté il y a trois ans était un « prédateur ». Toutefois, celui-ci ne venait pas de l'étranger, mais des Vosges. La relation s'est très mal passée, car elle était dirigée uniquement par des intermédiaires experts, et avec très peu de contacts, étant donné la distance.
La procédure a évidemment échoué, ce qui a placé les dirigeants d'entreprise dans des situations dramatiques.
Il y a un peu plus d'un an, nous avons eu la joie d'apprendre qu'un local s'intéressait à l'entreprise. Un dialogue a d'abord été amorcé entre les deux parties prenantes, puis des avocats et des notaires sont intervenus, tout ceci avec la médiation de la CCI.
J'ai organisé énormément de rencontres entre le repreneur et le cédant, parce qu'il fallait qu'il se crée quelque chose entre eux. Les avocats et les notaires ne sont intervenus qu'à partir du moment où des actes techniques devaient être réalisés ; ils n'ont pas eu la main sur l'opération.
Vous nous avez également interrogés sur la reprise par les salariés. Nous avons accompagné une reprise de ce type l'année dernière. Dans une entreprise, tous les salariés ne peuvent pas ou ne veulent pas reprendre. Il faut que nous puissions identifier, dans une entreprise donnée, ceux qui en deviendront les leaders.
La BPI apporte des aides très intéressantes dans le cadre de la reprise d'entreprise par les salariés. Toutefois, un repreneur, qu'il soit ou non salarié, reste un repreneur. L'engagement du risque qu'il prend est identique à celui de tout un chacun.
Hormis pour la distribution de dividendes, est-ce qu'un salarié est prêt à prendre des risques avec son entreprise ? Cette opération est réalisable ; nous pouvons agir en matière d'accompagnement, même si cela ne fonctionne pas à chaque fois.
En ce qui concerne le protectionnisme, je laisserai M. d'Ornano s'exprimer. Avec les petites entreprises, la question se pose moins. Nous maintenons l'activité sur le territoire. Nous ne voulons surtout pas que les entreprises que nous accompagnons partent à l'étranger. C'est le maintien de l'économie qui nous intéresse, car c'est là l'essentiel.