Intervention de Clément Beaune

Réunion du 19 octobre 2022 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Aides à la voiture électrique française

Clément Beaune  :

Monsieur le sénateur Chauvet, vous avez tout d’abord raison de souligner l’importance du Mondial de l’Auto – le premier depuis quatre ans –, d’autant plus qu’il est entièrement consacré aux véhicules décarbonés, notamment électriques – ce qui n’aurait sans doute pas été imaginable il y a quelques années, comme l’a rappelé Roland Lescure.

Vous avez également raison de nous alerter sur les risques d’atteinte à notre souveraineté et sur la nécessaire protection de notre filière automobile.

Face à ce risque, deux réponses sont possibles : soit nous considérons que le choix de la transition écologique peut être remis en cause, soit nous considérons que nous ne pouvons faire l’économie d’investissements massifs et rapides dans le véhicule électrique. Or personne ne propose de renoncer à la décarbonation, à la transition écologique ou à l’électrification !

Nous devons donc assumer cette transition. Sans être naïfs, non plus qu’excessivement optimistes, nous avons démontré ces dernières années qu’en l’affrontant plutôt qu’en la refusant et en nous réfugiant, si je puis dire, dans le confort du thermique et du statu quo, nous avions engagé une réindustrialisation. Cela a d’ailleurs conduit à souligner que la production avait baissé avant même que ne se pose la question de l’électrification.

Il y a cinq ans, nous n’aurions pas imaginé que la France, ainsi que vous l’avez relevé, commence à produire des batteries et à retrouver, progressivement et rapidement, son indépendance. Le Président de la République a fixé ce cap, qui est aujourd’hui crédible : sur les batteries, nous serons en mesure d’atteindre l’indépendance de production d’ici à 2027.

Nous devons mener la transition électrique en réindustrialisant, en investissant, en soutenant l’achat de véhicules électriques, en incitant notre filière, nos constructeurs et l’ensemble de l’écosystème à produire électrique en France et en Europe.

On ne peut pas renoncer à cet objectif ; en revanche, on peut y faire face en construisant une filière. C’est possible : votre département de la Seine-Maritime en témoigne, avec les transformations en cours des sites de Renault à Cléon et à Dieppe.

Ce qui paraissait improbable il y a quelques années est en cours : nous pourrons relever le défi de l’industrialisation électrique en Europe. Cela nécessitera de réformer nos outils de concurrence et de protection commerciale, d’aller vers la réciprocité et de faire en sorte que les aides que nous devons aux consommateurs et aux constructeurs ne soient pas ciblées vers ceux qui, depuis la Chine, essaient aujourd’hui de gagner notre marché.

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