Intervention de David El Sayegh

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 19 octobre 2022 à 9h35
Situation du centre national de la musique – audition

David El Sayegh, directeur général adjoint de la Sacem :

– S’agissant de la part du local, je suis tout à fait d’accord avec ce qu’a dit Alexandre Lasch : localement, la chanson française ou la production locale fonctionnent plutôt bien, mais l’enjeu n’est pas tellement local. Les quotas remplissent leur rôle, monsieur le sénateur. Je me souviens que le sénateur qui, en 2016, était en charge de la loi sur les quotas nous avait expliqué qu’on avait créé une usine à gaz. L’usine à gaz a permis d’augmenter de 15 % le nombre d’artistes francophones exposés en cinq ans !

L’enjeu, comme vous l’avez souligné, monsieur le sénateur, n’est pas tellement local, mais se situe ailleurs. Il y a là encore énormément de progrès à faire. La balance commerciale de la Sacem est déficitaire. On envoie environ 120 millions d’euros à l’étranger vers les sociétés représentées par des sociétés sœurs, notamment américaines et anglaises, et on reçoit 80 millions de l’étranger. C’est cela qu’il faut combler. C’est aujourd’hui tout l’enjeu.

Un autre chiffre permet de toucher du doigt la problématique de l’export, qui représente 9 % des revenus de la Sacem. Pour notre homologue britannique, c’est 30 %, et 25 % des revenus de notre homologue suédois. Nos homologues coréens sont quant à eux très contents car – qui l’eut cru ? – les artistes chantant en coréen peuvent remplir aujourd’hui plusieurs Stade de France. On en aurait tous ri il y a dix ans si on nous avait dit cela. Discutez avec les enfants de la musique qu’ils écoutent et des biens culturels qu’ils consomment : ce ne sont pas les États-Unis qui les font rêver, mais la Corée et le Japon. C’est toute cette culture qui a déferlé chez nous – et ils ont du talent !

Il faut donc saluer l’action qui a été menée par ces pays. Ce n’est pas par hasard si ces artistes rencontrent aujourd’hui le succès. Il existe l’équivalent d’un Bureau Export dans ces pays, qui ont investi et qui récoltent aujourd’hui les fruits de leurs investissements. On est capable, en français ou dans d’autres langues, de faire la même chose. On a des artistes qui s’exportent, même en français. La langue n’est pas une barrière. L’enjeu, pour nous, grâce au numérique, est de pouvoir faire rayonner nos artistes au-delà de nos frontières.

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