Intervention de Guilhem Cottet

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 19 octobre 2022 à 9h35
Situation du centre national de la musique – audition

Guilhem Cottet, directeur général de l’UPFI :

– J’aimerais ajouter un point à propos de la production locale et de la diversité. Les deux doivent en fait être liées. On parle de production locale en l’opposant à la production internationale. Les chiffres sont assez divergents selon les sources. Je me souviens d’une étude du CNM, sortie l’année dernière, sur le user centric, qui faisait état, sur Spotify, d’une part de marché à l’international de 60 %.

Tout ceci légitime le fait que le CNM doit s’emparer de l’observation impartiale de la filière et produire des études consensuelles. Pour cela, il faut effectivement un financement.

S’agissant de la diversité, on se réjouit tous que la musique française soit présente dans le top 20 ou le top 100 mais, ce qui nous importe, c’est la diversité des esthétiques. Parmi les esthétiques, il y en a qui font appel aux musiciens. On peut effectivement beaucoup capitaliser sur des esthétiques qui fonctionnent bien à l’export, du type musique urbaine ou électro. Ce sont des esthétiques aujourd’hui somme toute assez faciles à produire au niveau financier. Cela nécessite très peu de moyens. En revanche, toutes les esthétiques du type classique, jazz, rock ou chanson française sont très peu rémunérées par le streaming, dont le modèle favorise la concentration des écoutes autour de certains artistes ou de certaines esthétiques qui sont écoutés de manière très massive. C’est la part de marché d’une esthétique qui produit la rémunération et non l’écoute réelle de l’artiste.

Ce qui nous importe, s’agissant de ces esthétiques, qui coûtent beaucoup plus cher à produire, c’est de faire en sorte qu’elles puissent continuer à être produites. Un label qui n’est aujourd’hui pas suffisamment rémunéré en streaming et qui ne bénéficierait pas d’un soutien financier émanant du CNM, par exemple, ne serait pas en capacité de poursuivre cette activité.

La question de savoir si on est pro ou anti-rap ou autres ayant été posée, je vous le dis tout net : j’ai chez moi autant de labels de rap que de labels classiques. La question est de savoir si on est en mesure de créer un mécanisme redistributif qui va permettre à ces esthétiques moins favorisées sur le streaming de survivre. C’est une question largement partagée, les artistes-interprètes et les musiciens étant également concernés, tout comme les labels ou la diffusion. Nous devons tous faire en sorte que toutes les esthétiques, puissent continuer à être produites. Elles ne rapporteront pas toutes le même revenu mais, néanmoins notre diversité dépend de la capacité à percevoir un revenu qui sera ensuite réinjecté dans la production et permettra entre autres choses à nos productions classiques d’être produites à l’étranger.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion