Intervention de Sylvie Retailleau

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 19 octobre 2022 à 9h35
Projet de loi de finances pour 2023 – Audition de Mme Sylvie Retailleau ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche

Sylvie Retailleau, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche :

– Comment attirer plus de doctorants et mieux valoriser le doctorat ? La LPR va augmenter de 20 % le nombre de doctorants, nous avons aussi doublé le nombre de conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre), ce n’est pas négligeable. Il faut aussi regarder le meilleur taux d’acceptation des projets ANR déposés par les doctorants : le taux de sélection global est passé à 23 % et sera bientôt à 30 %. Il y a également le PIA, avec ses 13 milliards d’euros pour la recherche, qui comporte de grands volets comme le quantique ou l’hydrogène. Tout cela contribuera à ce que nous ayons davantage de doctorants dans les années à venir, ce qui n’empêche pas que nous devions continuer de mieux valoriser ce diplôme dans notre pays.

La compensation du point d’indice concerne bien les personnels contractuels et tous les établissements situés dans le périmètre de mon ministère.

Le tarif du repas universitaire est bloqué depuis trois ans, avec un plafond à 3,3 euros : ceux qui ne mangent pas à 1 euro, paient au maximum 3,3 euros, c’est un soutien déjà important. Il y a des zones blanches, c’est vrai, nous devons améliorer les choses. J’ai parlé des 4,4 millions d’euros pour aider les Crous à mettre en place les mesures de la loi Egalim, c’est important. D’une manière générale, nous devons continuer d’accompagner les Crous et le Cnous en considérant des partenariats nouveaux, fruits de discussions territoriales, et nous devons tendre vers des modèles multi-acteurs, où le Cnous joue son rôle parmi d’autres intervenants, par exemple les bailleurs sociaux. Nous regardons en particulier comment ouvrir la centrale d’achat du réseau à des partenaires territoriaux, ce qui permettrait de réaliser des économies d’échelle et dessinerait un nouveau modèle - mais cela requiert une évolution législative, nous y travaillons en recherchant le bon véhicule, avec vous, j’espère aboutir dès cette année.

La formation des 25 000 fonctionnaires à la transition écologique par l’INSP fera appel à des chercheurs de l’université, il y aura donc un lien direct entre eux et les étudiants.

Comme ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, et aussi professeure des universités, je crois à un système universitaire pluriel et je vois que le nôtre évolue, l’Université devient plus lisible, notre modèle se renforce et il est mieux reconnu.

L’objectif d’une centaine de Cofra par an se heurte, en plus de problèmes budgétaires, à ceux des plafonds d’emplois et de publicité, ou encore de reconnaissance par les administrations – le problème est donc multiple.

Nous doublons le budget consacré aux problèmes de violences sexuelles et sexistes à l’université ; ces moyens vont servir à constituer des équipes en région, à accompagner les établissements et à améliorer les procédures. Nous ciblons des actions précises, que nous allons suivre. Notre objectif est aussi de professionnaliser cette intervention.

Je ne saurais commenter un appel à l’insurrection des étudiants, autrement qu’en rappelant que je suis une fervente républicaine, attachée aux valeurs, aux droits et aux devoirs qui fondent notre République.

Sur l’égalité des chances d’accès aux grandes écoles, beaucoup est déjà fait. Le tutorat en médecine existe depuis longtemps, nous réfléchissons à une articulation du tutorat et du mentorat dans les zones plus rurales, pour que des jeunes accèdent davantage aux grandes écoles et qu’ils puissent revenir plus facilement sur le territoire où ils ont grandi. Ce travail commence dès le secondaire.

Nous discutons avec la conférence de doyens sur la réforme du premier cycle des études de pharmacie ; nous attendons qu’elle nous fasse des propositions sur les 33 % de postes non pourvus en pharmacie. Nous attendons aussi le rapport du comité de suivi de la réforme. En tout état de cause, nous allons vers une forme de cadrage.

Nous regardons aussi de près, avec mon collègue de l’éducation nationale, la situation de l’enseignement et de la recherche en mathématiques. Nous devons être vigilants à ne pas nous focaliser sur les seules mathématiques car nous avons la responsabilité de regarder aussi ce qui se passe dans les autres filières scientifiques, par exemple en informatique. Les médailles Fields font la fierté de notre pays, mais elles ne suffisent pas. Nous avons besoin d’une vision globale, dans le secondaire et dans le supérieur. Les sujets à traiter sont nombreux, par exemple la place des jeunes femmes dans l’enseignement des sciences, et le cadre est celui de l’autonomie des universités, qui choisissent leur offre d’enseignement.

Les CPJ sont un outil pour attirer de nouveaux profils à l’université. Les premiers postes viennent d’être pourvus, donc nous manquons de recul. A ce stade, ce que je peux vous dire, c’est que les établissements y ont progressivement recours, pour des profils divers et aussi dans des disciplines émergentes.

Oui, le guichet unique est une piste pour les aides aux étudiants. Nous avons augmenté toutes les bourses de 4 %, y compris celles qui dépendent des régions, de même que l’aide exceptionnelle de 100 euros concerne tous les étudiants.

La présidente de la région Ile-de-France connait le sujet de la vie étudiante ; votre propos me donne l’occasion de dire que je la rencontrerai la semaine prochaine. Je cherche des pistes concrètes pour avancer, nous devons les examiner avec volontarisme, de même que pour l’accès des étudiants au sport et à la culture – autant de sujets pour les dialogues territoriaux.

Les mesures que nous prenons pour compenser les augmentations des prix de l’énergie sont effectivement conjoncturelles. La LPR a été adoptée avec un calendrier ; nous avons maintenu l’échéancier malgré les difficultés actuelles, la loi reste notre feuille de route. L’inflation est un problème particulier ; je m’engage à revenir devant vous avant l’été pour un premier bilan de la LPR, mesure par mesure.

Les réformes se sont multipliées sur la formation des professeurs des écoles depuis dix ans, cela pose problème pour l’attractivité de ce métier. Nous voulons un cadre enfin stable et clair. Je suis allée à la Conférence des directeurs d’INSPE : il y a des pistes pour un parcours à partir de la licence, sans empêcher les passerelles, avec des bases disciplinaires solides et une implication dans le métier.

La CVEC a été un levier pour renforcer l’accès des étudiants au sport et à la culture, c’est important et c’est pourquoi les établissements et les Crous s’en sont emparés. Je rappelle que les 95 euros de cette contribution ont remplacé les 217 euros que les étudiants acquittaient pour l’ancien régime étudiant de sécurité sociale : ils paient donc moins, pour plus de service. Nous avons aussi ajouté le Pass’Sport. La CVEC a fait gagner du pouvoir d’achat aux étudiants et augmenté l’offre de services.

Je précise qu’en plus du gel du loyer des Crous, les étudiants ont vu leur APL progresser de 3,5%, ce qui concerne aussi les étudiants des classes moyennes. Enfin, si les charges sont à la discrétion des Crous, elles sont plafonnées.

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