Intervention de Gérald Darmanin

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 25 octobre 2022 à 16h30
Sécurité des jeux olympiques et paralympiques de 2024 — Audition de M. Gérald daRmanin ministre de l'intérieur et des outre-mer

Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer :

Les Jeux, nous les avons demandés au nom de tout le monde et ils sont pour tout le monde, il ne s'agit pas d'interdire les autres activités, ni que l'État ait à indemniser pour des activités qui n'auraient pas pu se tenir : ce n'est pas la bonne voie de raisonner de la sorte. Nous demandons à tous de faire un effort pour que les JOP se déroulent dans les meilleures conditions, il ne s'agit pas d'interdire, mais de décaler par exemple le départ du Tour de France, ou encore telle ou telle grande braderie - si les maires ne veulent pas décaler, nous verrons ce qu'il en sera, mais mon rôle de ministre de l'intérieur, c'est d'appeler à coopérer parce que nous n'avons pas les moyens de mettre des forces de l'ordre partout. Ensuite, chacun fait ce qu'il peut, on gagne ensemble, ou on perd ensemble, il n'y a pas d'obligation ni d'interdiction.

Sur les effectifs, je me suis peut-être mal exprimé, mais nous créons des postes y compris dans le Val d'Oise - alors qu'ils étaient en baisse partout, y compris, encore, dans le Val d'Oise... où la délinquance ne date pas d'il y a cinq ans ! Nous mettons plus de moyens d'investigation, plus d'OPJ, nous changeons les cycles horaires pour plus de présence sur la voie publique, nous formons une réserve de la police nationale et la Lopmi nous a permis, grâce à vous, d'augmenter les effectifs de 3 000 par an, alors qu'il n'y avait eu que 1 500 postes sur les cinq années qui ont précédé notre arrivée aux responsabilités : je vous laisse juge d'évaluer ces chiffres ! Je sais pouvoir compter sur les forces de l'ordre, nous lisserons les congés, cela ne sera pas la première fois - je dois encore 5 semaines de congés payés aux CRS, cela n'empêche pas qu'elles continuent de répondre présent, chacun sait ce qu'il fait.

Sur la répartition des forces, ensuite, l'idée n'est pas d'envoyer à Paris les gendarmes des brigades territoriales, mais de faire une redistribution de proximité pour dégager des forces de police qui sont elles aussi à proximité. Nous aurons, qui plus est, créé 3 000 postes supplémentaires de brigades territoriales, il n'y aura donc pas de sous-effectifs l'été 2024 et les missions seront maintenues, à l'exception des CRS de plages, c'est un choix.

Est-ce que je peux assurer l'honorabilité des 45 000 volontaires qui participeront à l'effort de sécurisation des Jeux ? C'était l'un de mes objectifs dans la réforme du conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), qui contrôle désormais toute personne travaillant pour la sécurité - et, en l'occurrence, nous allons « passer au fichier » tous les volontaires pour nous assurer de leur honorabilité. Nos efforts vont de pair avec la professionnalisation de la sécurité privée, qui a vu s'accroitre considérablement les critères auxquels les agents doivent répondre. Du reste, il ne faut pas oublier que c'est un agent de sécurité privée qui a empêché un terroriste armé d'entrer dans le stade de France le 13 novembre 2015, et qu'il l'a payé de sa vie...

Sur les moyens de vidéo-protection, je m'inspire du rapport sénatorial que vous avez cité, qui nous incite à prendre des mesures. Je le répète : nous ne proposons pas d'utiliser la reconnaissance faciale, mais d'utiliser de l'intelligence artificielle en vidéo. Le Conseil d'État demande qu'on mette à jour nos règles avec le règlement général sur la protection des données (RGPD), des communes utilisent aujourd'hui des outils de vidéo en plein vide juridique, nous allons mettre les choses au clair. Ce que nous demandons pour les Jeux, c'est de pouvoir utiliser de l'intelligence artificielle dans l'exploitation des vidéos, par exemple pour retrouver des gestes correspondant à de la casse.

Oui, les caméras installées pour les Jeux seront pérennes, nous en prévoyons 400 pour Paris, c'est déjà bien et nous discutons sur les lieux d'implantation. La capitale en compte déjà 4 171, à quoi s'ajoutent les 3 500 caméras installées par nos partenaires, en particulier la RATP. Je demanderai que le préfet de police présente le plan d'installation aux élus, nous n'avons pas de problème de principe avec la maire de Paris et, s'il faut davantage de caméras, nous en installerons davantage.

La police municipale de Paris n'est pas armée, c'est un choix municipal - de notre côté, nous pouvons nous féliciter d'avoir décidé de doter la ville de Paris d'une police municipale, elle n'en avait pas. Je crois que, pour le recrutement, la comparaison avec les autres communes n'est pas pertinente, parce que la ville de Paris recourt bien davantage à la promotion interne - et, soit dit en passant et par un mouvement dont seule l'histoire a le secret, elle a nommé Jacques Toubon comme déontologue de la police municipale, ce qui ne doit pas manquer de plaire à l'opposition municipale...

L'envoi de quelque 200 gendarmes pour le Mondial de football au Qatar ne coûte rien à la France, ils se rendent sur place surtout pour aider les Français, en particulier notre équipe nationale. De même, nous accueillerons des policiers du monde entier pour les Jeux.

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