Intervention de René-Paul Savary

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 29 septembre 2022 : 1ère réunion
Audition de M. Jean Viard sociologue directeur de recherche associé au cevipof – cnrs

Photo de René-Paul SavaryRené-Paul Savary :

président. – Je vous prie d’excuser le président Mathieu Darnaud qui a dû rejoindre son département plus vite que prévu en raison des grèves de train.

À quelques jours de l’ouverture de la nouvelle session parlementaire, nous accueillons ce matin Jean Viard, dont je salue la présence à distance et que je remercie de s’être rendu disponible pour nous.

La journée mondiale du tourisme se tient chaque année le 27 septembre et constitue, depuis la première édition lancée en 1980 sous l’égide des Nations unies, l’occasion de faire le bilan de l’année écoulée et de réfléchir à la suite. Mais la journée d’avant-hier n’était pas comme les autres. En effet, s’il est un domaine qui s’est trouvé complètement bouleversé par la pandémie mondiale dont nous sortons à peine, c’est bien celui du tourisme.

D’ailleurs, lorsque nous nous sommes réunis, au début de l’été, pour réfléchir aux prochains sujets dont pourrait se saisir notre délégation, la question de l’avenir du tourisme avait immédiatement suscité l’enthousiasme – et j’en profite ici pour remercier Cécile Cukierman, à l’origine de cette proposition.

En un peu plus d’un demi-siècle, le tourisme, cet enfant des Trente Glorieuses, a façonné notre société, notre économie, notre rapport au monde, au temps, au voyage, aux loisirs, à la consommation, à la planète. Le nombre de touristes internationaux est passé de 60 millions à la fin des années 1960, à 1,5 milliard en 2019, et la France accueille davantage de touristes étrangers qu’elle ne compte d’habitants. Et puis, du jour au lendemain, tout s’est arrêté – les avions, les hôtels, les restaurants, les spectacles, la pollution aussi.

Et maintenant ? Et après ? Si l’on en croit les chiffres publiés cet été par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), la reprise est bien là, et elle est forte – l’Europe, par exemple, a déjà retrouvé 80 % de ses niveaux d’avant-crise. Mais parle-t-on vraiment de la même chose ? Le tourisme du monde d’après est-il, et surtout doit-il, peut-il, être celui du monde d’avant ? Une chose est sûre : nous sommes dans un moment charnière, une sorte d’année zéro du tourisme, un moment plein d’incertitudes mais déjà riche d’enseignements, un moment où s’ouvrent de nouvelles opportunités, un moment où il va falloir faire des choix.

L’an zéro du tourisme, c’est précisément le titre de l’ouvrage que vient de cosigner, aux côtés de David Medioni, le sociologue Jean Viard, directeur de recherche au CEVIPOF, le Centre de recherches politiques de Sciences Po. Vous êtes, Monsieur Viard, un spécialiste du tourisme, des temps de loisirs, de la mobilité ou encore de l’aménagement du territoire, mais aussi, sur la méthode, un promoteur de longue date de la démarche prospective, ce qui n’est pas pour nous déplaire ici. C’est d’ailleurs pour cela que le thème de l’audition n’est pas « le futur du tourisme » – nous ne doutons pas qu’il en ait un – mais plutôt « le tourisme du futur », c’est-à-dire « lequel ? », en essayant d’apporter des réponses à la fois concrètes et de long terme.

Vous êtes, aussi, le cofondateur d’une maison d’édition installée en Provence, les éditions de l’Aube, ce qui explique la visioconférence de ce matin. La visioconférence : voilà un autre exemple de changement précipité par la crise sanitaire, qui d’ailleurs n’est pas sans donner quelques idées à ceux qui cherchent une réponse à la surfréquentation de certains lieux touristiques… Faudra-t-il, demain, passer par le métavers pour visiter la Tour de Pise, la Tour Eiffel sans faire la queue, le Japon sans prendre l’avion, Versailles en costume d’époque, et Pompéi en éruption/immersion ?

Peut-être vais-je un peu loin – quoique… Mais je vous laisse sans plus attendre la parole, et vous remercie à nouveau pour votre disponibilité.

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