Intervention de Jean Viard

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 29 septembre 2022 : 1ère réunion
Audition de M. Jean Viard sociologue directeur de recherche associé au cevipof – cnrs

Jean Viard, sociologue, directeur de recherche au Cevipof-CNRS :

– J’étudie le tourisme depuis cinquante ans, j’ai donc effectivement une certaine distance propice à l’observation. La première chose à dire est que nos sociétés sont bousculées par la pandémie d’une façon extraordinaire et que cela ne fait que commencer : des millions de gens déménagent, des millions de gens utilisent leur résidence secondaire à mi-temps et ne viennent en ville qu’à mi-temps – à La Défense, 30 % des bureaux sont vides. Il se passe quelque chose dans le rapport à l’espace, le fait d’habiter en ville, de ne pas habiter en ville, etc.

Je rappelle que 70 % des Français habitent dans des maisons individuelles, dont la plupart ont un jardin. Il y a 16 millions de maisons individuelles pour 12 millions d’appartements, et dans les 12 millions d’appartements, à peu près la moitié sont des familles propriétaires de résidences secondaires : ça nous donne une France où environ 70 % des gens ont un jardin. Dans la ville, à Paris notamment, 50 % des logements sont occupés par des personnes seules. Le modèle de la ville de demain, c’est effectivement des personnes seules et des étudiants, pour beaucoup, mais pas seulement, et puis les touristes, soit les deux principaux groupes sociaux d’une métropole moderne. Enfin, il y a les gens qui viennent dans cette ville : 700 000 salariés parisiens habitent la ville, un million s’y rendent tous les matins, et deux millions d’autres personnes tous les jours. Ces mouvements sont en train de se transformer à cause du télétravail, qui concerne en ce moment entre 30 et 40 % des travailleurs mais qui pourrait encore se développer. Cela implique des gens qui se déplacent dans l’espace pour venir en ville une ou deux fois par semaine seulement. On est en train de construire des logements spécifiques pour ces gens-là, où ils passeront deux nuitées par semaine, au même endroit, avec leurs affaires, et où l’on changera d’occupant trois fois dans la semaine, en changeant le linge, etc.

Toutes ces évolutions dépassent le phénomène du tourisme, elles sont la toile de fond du mouvement de l’espace, mais tout est lié car les gens qui ont une maison avec jardin voyagent moins que ceux qui n’en ont pas. C’est ma première remarque : nous sommes au début de ce mouvement où les métropoles s’étalent dans l’espace, dans une « France des résidences secondaires » pour ainsi dire. Les métropoles s’étaient déjà étalées dans l’espace, dans la « France des gilets jaunes », pour aller vite, c’est-à-dire le périurbain, les lotissements et les petites villes « en perdition », où les habitants vont chercher leur emploi dans la grande ville parce qu’il n’y en a pas sur place : ce « modèle gilet jaune » touche essentiellement le monde de la logistique, de la santé, les petits boulots du service, et de manière générale tous ceux qui ont continué à travailler pendant la pandémie. Aujourd’hui se dessine donc une autre France, une France patrimoniale des résidences secondaires, qui se peuple d’habitants qui restent en même temps à la ville et continuent à vivre avec des salaires de la ville, avec des problèmes de concurrence territoriale qu’on voit très bien en ce moment.

Autre constat, il est probable que l’histoire retiendra qu’avec la pandémie, la civilisation des loisirs a gagné sur la civilisation du travail. C’est la grande peste de 1300 qui est à l’origine de l’invention du salariat : avec la mort de la peste de la moitié des serfs, il a fallu se mettre à payer des salariés. Les pandémies bouleversent les équilibres socio-culturels !

En France, l’espérance de vie est de 700 000 heures et la durée légale de travail pour avoir droit à la retraite est de 68 000 heures : le temps de travail légal représente à peu près 10 % de notre existence. Voilà l’élément structurant des sociétés modernes. La vie s’est allongée de vingt ans depuis la guerre, et plus la vie est longue, plus on la vit par séquences courtes, parce qu’on ne va pas faire vingt ans de plus la même chose. On change donc de partenaire – 63 % des bébés naissent hors mariage –, on déménage, on change de conviction, de métier, etc. Cette évolution était déjà à l’œuvre et la pandémie accélère ce processus, avec un million de couples qui ont explosé, trois millions de Français qui ont déménagé, etc. Ce qu’on a vu pendant la pandémie, c’est que lorsqu’on enlève le tourisme, la ville s’arrête, parce le tourisme, c’est le cœur du lien social de la société moderne. Nous ne vivons plus dans des sociétés où les gens habitent au même endroit tout le temps. À Paris, par exemple, le nombre de nuitées où les Parisiens ne dorment pas dans la ville est le même que le nombre de nuitées des touristes dans la ville, c’est-à-dire que les touristes viennent beaucoup à Paris, mais avec les absences, les vacances ou les week-ends des Parisiens, le total est égal à zéro – pas en chiffre d’affaires bien sûr, les touristes dépensant davantage que les habitants, mais en nombre de nuitées. Ces grandes masses sont considérables et significatives.

Face à ce mouvement de fond, nous devons nous interroger. D’abord, quel est notre objectif culturel et politique ? Pour ma part, je crois qu’il faut continuer à développer le voyage, développer le tourisme, développer la découverte de l’autre, car c’est ce qui peut nous permettre d’échapper à une mondialisation trop guerrière, pour ainsi dire. Il n’est pas nécessaire de remonter à Montaigne pour constater que le voyage est un élément central de paix sociale et politique. L’absence de voyage pendant deux ans n’a pas fait qu’accentuer les conflits dans les couples, elle a aussi aggravé les conflits militaires, les sociétés se sont repliées sur elles-mêmes, renforçant les nationalismes. Tous ces éléments sont liés et notre objectif, qu’il nous faut préciser, doit donc être de développer le tourisme. En termes de chiffres, j’en proposerai deux : d’une part, il faut que 80 % des Français partent en vacances d’ici 2050, d’autre part, il faut atteindre 2,5 milliards de touristes internationaux.

Au-delà des chiffres, je poserai d’abord un objectif d’ordre culturel et social, avec évidemment les retombées économiques, puis les questions liées aux destinations : où vont les touristes ? Quand partent-ils ? Comment éviter les situations de surtourisme comme à Barcelone ou à Venise ? Dans ces derniers cas, soit dit en passant, les défaillances de la régulation sont plutôt le fait des mairies, parce que la loi est très claire. J’ajoute, du reste, que le procès que l’on fait à Airbnb occulte le rôle décisif joué par la plateforme dans la diffusion du tourisme dans les zones rurales, un phénomène qui a complètement changé la sociologie des gens qui fréquentent les bars, les restaurants, etc. On ne voit Airbnb que dans les zones de surtourisme, mais Airbnb, c’est aussi le touriste qui ne va pas dans les hauts lieux.

Si l’on admet ces différents objectifs, se pose ensuite la question de la régulation. J’ai rencontré des élus de Barcelone pour écrire ce livre : ils ont été élus contre le tourisme, ou plutôt contre le surtourisme. Une fois aux affaires, ils ont réalisé qu’il n’y avait aucune politique simple en la matière. Les gens ne veulent pas tous aller au même endroit : certains viennent en voyages d’affaires tous les ans, avec une certaine idée de la ville, d’autres s’installent dans les campings sur la Costa Brava et veulent absolument passer une journée sur les Ramblas, d’autres font des circuits touristiques, etc. Comment fait-on pour qu’ils ne soient pas tous au même endroit, comment régule-t-on, c’est-à-dire, comment met-on de l’intelligence dans le tourisme ?

Le premier problème du tourisme, à cet égard, c’est qu’il n’y a pas de recherche, pas de connaissance, pas de R&D dans les entreprises du secteur. Quand le Gouvernement français annonce 100 millions de touristes en France, c’est une quantité, un chiffre d’affaires. Où ? Qui ? Quand ? On s’en moque ! On ne peut pourtant pas déplacer 100 millions de personnes sans avoir une vraie stratégie ! Quand créera-t-on une « Haute école des voyages » où l’on se mettra enfin à réfléchir à ces questions ?

À une époque, je représentais la France à Bruxelles auprès du commissaire chargé du tourisme. Autour de moi, tous les pays d’Europe étaient présents, mais il n’y avait que des techniciens, qui expliquaient comment ranger une table ou nettoyer un restaurant. Nous sommes en France les seuls à avoir esquissé les prémisses d’une réflexion sur ces sujets, mais on ne pourra pas déplacer 2,5 milliards d’individus sans en faire l’économie. Les lieux de surtension sont d’ailleurs souvent des lieux de non-observation et de non-intelligence des processus. Deuxième remarque, si on veut répartir les touristes dans le temps, ce qui constitue une question essentielle, je plaide pour ce que j’appelle la « semaine à l’italienne », c’est-à-dire pour que l’on donne à toutes les familles françaises le droit de partir une semaine avec leurs enfants quand elles le veulent. Un enfant grippé rate l’école une semaine, il ne rate pas sa vie. L’idée serait d’autoriser toutes les familles à partir une semaine à contre-saison, quand les prix sont beaucoup plus bas, et que les 7 % de Français qui font du ski partent en février sans que cela oblige tous les autres à faire de même. La plupart des familles françaises vivent sur plusieurs départements, souvent plusieurs régions, donc quand on étale les vacances de février, ça empêche de réunir les cousins. Je vous rappelle que 50 % des Français seulement vivent dans leur département de naissance : la vraie société française est une société de flux, avec une partie minoritaire de stock. J’ai aussi fait partie d’une commission régulant les temps de vacances, et je pense qu’il vaut mieux aujourd’hui donner une semaine de libre choix, et par conséquent regrouper les vacances familiales de Pâques, pour qu’à nouveau les familles se réunissent, pour qu’à nouveau les grands-parents puissent accueillir leurs petits-enfants, et qu’on mette un terme à ce découpage en zones A, B et C qui ne bénéficie qu’aux 7 % de Français qui font du ski – ce qui est presque injurieux pour les 93 % qui ne peuvent pas se le payer. Il faut faire de la formation, créer cette semaine de liberté du temps, qui serait sans doute une mesure très populaire et en plus très favorable, même pour le ski où la neige n’est jamais garantie.

Après cette première question de la diffusion dans le temps, il y a le problème de la diffusion dans l’espace. Environ 15 % de la planète est touristique, il y a donc énormément d’endroits qui ne le sont pas. Notre-Dame de Paris est très touristique, mais personne ne se rend à la basilique de Saint-Denis. Prenons notre objectif de 100 millions de touristes en France : la première fois, on visite les lieux qu’on connaît avant de venir : Paris, la Savoie et la Côte d’Azur, soit les trois lieux de l’imaginaire mondial de la France. Comment fait-on pour que le deuxième ou le troisième voyage ne soit pas à ces endroits ? Comment, durant leur séjour dans ces trois territoires, va-t-on informer les visiteurs sur la beauté de la Bretagne, le charme de Bordeaux ou l’attrait des Pyrénées ? Bref, comment construit-on le deuxième voyage pendant le premier, et ainsi de suite ? Il s’agit, en fait, de considérer le touriste comme un être intelligent, et de lui donner de la matière pour diffuser ses séjours dans l’espace. Pour le touriste international, c’est assez facile, mais on ne le fait pas pour le touriste français. La plupart des gens vont toujours au même endroit : 50 % des Français ne se baignent que sur une seule plage toute leur vie ! On est loin d’une foule qui s’éparpillerait dans tous les coins : un Marseillais ne va quasiment jamais en Bretagne, un Bordelais ne va quasiment jamais sur la Côte d’Azur. Le cas de Toulouse est intéressant, avec les « bourgeois » qui se rendent sur la côte Atlantique et les catégories populaires sur la Côte d’Azur. Je rappelle que Jaurès allait toujours sur la Méditerranée, parce qu’il voulait « faire populaire » ! Quant aux élites de Toulouse, elles vont beaucoup plus à Arcachon.

Le territoire du tourisme est donc extrêmement structuré, bien qu’on ne prenne pas la peine de l’observer. Ainsi, les gens de Metz et de Nancy ne vont pas en vacances au même endroit, parce qu’au moment où le tourisme est devenu à la mode, Metz n’était pas française, et du coup, sa population n’est pas partie en vacances. Aujourd’hui, elle part plutôt dans le Languedoc, les gens de Nancy allant davantage sur la Côte d’Azur. Ces flux sont très construits, on ne va pas les changer, on peut les faire bouger un peu.

En vérité, c’est le télétravail qui crée aujourd’hui un véritable bouleversement. On distingue trois modèles : d’abord, 2 à 3 millions de personnes auraient déménagé, mais il faut rester prudent dans les chiffres à ce stade ; ensuite, il y a beaucoup de résidences secondaires qui sont désormais occupées quatre jours par semaine, leurs propriétaires partent le jeudi et rentrent le mardi ; enfin, il y a les gens qui, autour de 50 ans, achètent massivement des maisons dans les grandes régions touristiques parce qu’ils anticipent leur retraite dix ans plus tard. Avec la pandémie, ils se disent que finalement, autant acheter la maison dès maintenant, quitte à faire les trajets pendant quelques années, à faire du télétravail, à ne garder qu’un boulot sur deux, etc. Dans le Luberon que je connais bien, tout est vendu hors de prix dans la journée, et c’est toujours le même schéma : un Parisien qui arrive avec un million d’euros alors que nous étions habitués à des prix autour de 400 à 500 000 euros ! Aujourd’hui, les maisons sont vendues sur Internet dans la journée, et les Parisiens surenchérissent volontiers sur le prix initial.

Le tourisme de proximité a aussi profité de la pandémie : il y a là un petit marché que les professionnels pourraient saisir, car l’essentiel du tourisme des résidences secondaires a lieu à moins de deux heures de la résidence principale. Le modèle de la résidence secondaire n’est pas Saint-Tropez, même si cela existe. La majorité des Parisiens ont des maisons en Bourgogne, dans les Pays de la Loire, en Normandie : l’intérêt de la résidence secondaire, c’est de pouvoir y aller assez souvent, et c’est ce « nuage » autour de chaque grande ville qu’il faut regarder. Ce qui est clair, c’est qu’il y a une montée de la demande de nature dans nos sociétés, les gens veulent voir du vert et entendre les oiseaux. Certes, cela pourra se faire en ville si celles-ci deviennent d’immenses forêts urbaines – mais va-t-on planter les millions d’arbres promis aux dernières élections municipales par les élus ? Pour l’instant, on ne voit rien. Toutefois, il est clair que la ville de demain sera une forêt parce qu’un arbre, c’est l’équivalent de la fraîcheur produite par quatre climatiseurs fraîcheur : en plantant un million d’arbres, l’économie d’énergie sera considérable. Or, plus la ville sera verte, plus les rues seront sans voiture, moins les gens en sortiront. Toutes ces choses sont inséparables les unes des autres et c’est pourquoi, plutôt que de tourisme, il vaut mieux parler de « transhumance d’été », c’est-à-dire d’un trajet rituel qui dure en moyenne quinze jours. Les milieux populaires régulent la durée en fonction de leurs moyens de l’année, une semaine, quinze jours entiers, dix jours ; les populations plus aisées, c’est-à-dire les 30 % de Français qui ont généralement aussi des résidences secondaires, partent généralement plusieurs fois, mais pas forcément pour des séjours plus longs. Prenez l’exemple du Club Med, dont j’ai conseillé le président : à sa création, le séjour minimum était d’un mois parce que le but était de construire du lien social ! Aujourd’hui, on accepte des gens pour trois jours, avec l’impact écologique d’un aller-retour en avion à Djerba. L’objectif a complètement changé ! Dans le tourisme de proximité, les gîtes ruraux qui marchent le mieux en France sont par exemple ceux de Dourdan et d’Île-de-France, ceux que l’on peut presque rejoindre en RER, et pas ceux de l’Aubrac.

Ce qu’il faut développer, maintenant, c’est le tourisme numérique. Au Louvre et à la Tour Eiffel, on réserve sur internet. Pour visiter la calanque de Sugiton aussi, il faut désormais s’inscrire : grâce à cette régulation, on est au plus 400 dans la calanque au lieu de 2 000 auparavant, et les visiteurs sont contents. Construire la France numérique du tourisme, cela signifie que si je veux aller dans l’Aubrac du 1er au 10 août, on puisse me dire : à cette période, les hôtels sont complets, mais on a une autre proposition à vous faire, un autre endroit tout aussi beau où il y aura beaucoup moins de monde. C’est absolument essentiel pour diffuser les populations, mais aussi parce que les gens ne sont pas forcément ravis d’arriver dans des destinations où il est impossible d’avoir une table au restaurant. Pour la plage, c’est différent, les gens aiment être ensemble, je ne crois pas trop au mythe de la plage en solitaire. Les 4 millions de piscines aussi créent du lien, en accueillant en moyenne dix personnes chaque année – la majorité des Français se baignent chaque année dans une piscine.

On ne pourra pas continuer à développer le tourisme et en faire une des principales ressources de l’économie française – il représente presque le poids économique de l’industrie, c’est dramatique pour l’industrie et j’espère qu’elle remontera, mais c’est un fait – sans mettre de l’intelligence, observer, et construire une offre numérique. Celle-ci doit permettre à chacun, dès qu’il arrive dans un endroit, de recevoir les bons conseils : vous ne pouvez pas aller à la calanque de Sugiton telle semaine, mais à partir du 15 août je peux vous réserver une place. Prenez le Louvre : est-ce que c’est très grave si on vous dit qu’en 2022 il n’y a plus de place, mais qu’on peut vous trouver une très bonne place en 2023 ? Cette diffusion du tourisme dans le temps pourrait s’appliquer à beaucoup de situations.

S’agissant du Louvre, cela fait vingt ans que je râle sur le sujet : pourquoi n’est-il pas ouvert 7 jours sur 7, pourquoi n’y a-t-il pas de nuits ? Des milliards d’euros investis dans l’art sont bloqués par des rigidités salariales et syndicales ! Pourquoi Disneyland est-il ouvert tous les jours et pas le Louvre ? Ouvrez le Louvre jusqu’à minuit, faites des nuits entières, et vous aurez un effet de diffusion et d’entraînement d’emplois touristiques considérable. Il faudrait que l’on considère le patrimoine culturel de la France comme une valeur, et la question de son usage est un enjeu absolument majeur, dont le Louvre est un excellent exemple. À chaque fois qu’il y a un nouveau ministre du tourisme, je lui demande s’il est capable d’ouvrir le Louvre tous les jours. Ils disent tous oui, mais aucun n’y arrive.

Si on ne réfléchit pas davantage, c’est un secteur qui ne va créer que des surtensions et des conflits. Chaque année, la France accueille 100 millions de touristes étrangers et des millions de touristes Français, mais ils sont un peu comme des automobilistes qui circuleraient sans code de la route. On ne peut pas se contenter de leur dire : « allez-y, et rapportez-nous de l’argent » ! Pour avoir 80 % de Français qui partent en vacances, et 2,5 milliards de touristes dans le monde, il va falloir réguler. Il va falloir créer des parkings à l’extérieur des grandes stations, il va falloir mettre à disposition des vélos électriques, etc. Nous sommes mauvais dans la logistique, alors que le tourisme est d’abord une question de logistique – d’ailleurs, nous n’avons même pas de ministère du tourisme de plein exercice, alors que le secteur représente 10 % de l’emploi en France. Si l’on veut lutter contre la pollution liée au tourisme, c’est à la problématique des déplacements qu’il faut s’attaquer – mais quelle politique a-t-on là-dessus ? Bien sûr, les gens n’iront pas en vacances en train avec trois enfants, des bagages, le chien et les ballons, mais pour autant, ils ne sont pas obligés de se servir de leur voiture une fois à destination ! Comment fait-on, dès lors, pour créer des parkings qui répondent au premier souci du touriste, c’est-à-dire des parkings surveillés ? J’ai été élu à Marseille, je ne suis pas arrivé à le faire ! Je ne parle même pas de l’arrivée à Roissy qui est une catastrophe, parce qu’entre la police aux frontières et les compagnies aériennes, les choses ne sont pas gérées de la même manière, et chacun a son propre projet. Cette sous-organisation nous coûte extrêmement cher et, à mon avis, gâche beaucoup la vie des gens. Si on veut progresser, ce sont toutes ces questions qu’il faut mettre sur la table.

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