Nous avons constaté que la solidarité européenne a été au rendez-vous, puisque onze pays européens ont accepté d’accueillir des migrants de l’Ocean Viking et je voudrais devant vous, mesdames, messieurs les sénateurs, de nouveau les remercier. Je veux saluer l’engagement de nos services publics, qui sont pleinement mobilisés pour apporter une réponse digne à ces situations humaines : le secrétariat général de la mer, la marine nationale, les préfets, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et la justice. Je veux enfin rendre hommage au travail de la Croix-Rouge française, qui a assumé les premières prises en charge.
Notre responsabilité collective est de prévenir le renouvellement de telles situations. Ma conviction, c’est que la réponse ne saurait être seulement nationale, mais doit être aussi européenne.
Européenne, d’abord, parce qu’un pays ne peut trouver seul les solutions à ces flux migratoires.
Européenne, ensuite, parce que nous partageons un même espace, l’espace Schengen. Par conséquent, ce qui se passe à un endroit de cet espace nous concerne tous.
Européenne, enfin, pour assurer le respect de deux principes cardinaux en la matière : la responsabilité et la solidarité. Cela suppose un cadre européen, avec des règles qui s’imposent à tous, et le respect des obligations internationales comme l’obligation du port sûr le plus proche. Force est de constater que l’Italie n’a respecté ni l’un ni l’autre.
Concrètement, dans ce contexte, nous souhaitons agir dans trois directions principales.
D’abord, la prévention des départs irréguliers en provenance d’Afrique du Nord. Cela passe par un renforcement des capacités maritimes des pays de départ et une plus grande efficacité collective en matière de réadmission des migrants en situation irrégulière.
Ensuite, la reprise des travaux sur les relations avec les organisations non gouvernementales (ONG) impliquées dans le secours en mer en Méditerranée. Ces ONG sauvent des vies, accomplissent un travail important, mais une coopération plus fluide et plus transparente avec les pouvoirs publics est indispensable.
Enfin, l’actualité confirme s’il en était besoin la nécessité d’avancer au plus vite sur la finalisation du pacte européen sur la migration et l’asile. Nous en avons fait une priorité lors de la présidence française du Conseil de l’Union européenne et nous avons pu obtenir des avancées majeures. La présidence tchèque poursuit des discussions et nous souhaitons qu’un accord avec le Parlement européen puisse être rapidement trouvé sur ces sujets.
En conclusion, nous sommes convaincus que ces enjeux requièrent une discussion politique. C’est pourquoi nous soutenons l’idée que soit rapidement convoqué à Bruxelles un conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur afin d’examiner les réponses concrètes qui peuvent être rapidement apportées pour traiter le sujet dans toutes ses dimensions.