Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le budget de la gendarmerie pour 2023 comporte plusieurs aspects positifs, notamment les moyens importants investis dans la transformation numérique, qui permettront de poursuivre la modernisation de la gendarmerie, en mettant en œuvre les nouvelles étapes de NÉO et du système PC Storm, qui constitue une brique essentielle du réseau Radio du futur.
Tous ces nouveaux systèmes numériques génèrent logiquement des dépenses récurrentes pour le maintien en condition opérationnelle et le renouvellement des équipements. Cela montre une fois de plus l’importance de la programmation pluriannuelle.
Il est difficile de tout financer à la fois, mais il ne faut pas laisser se dégrader un aspect pendant que l’on en renforce un autre. Développer les meilleurs outils numériques, c’est bien, mais si parallèlement les gendarmes exercent dans des brigades décrépites et sont logés dans des casernes dégradées, c’est problématique et inacceptable.
Or le projet de Lopmi ne prévoit pas de programmation des investissements permettant de remédier à ces points noirs bien connus. Une fois de plus, les investissements prévus pour l’immobilier au sein du programme 152 seront insuffisants en 2023. Avec un montant de 126 millions d’euros, on est loin des 300 millions annuels nécessaires. L’année dernière, un effort avait pourtant été accompli pour passer de 100 millions d’euros à 150 millions – on revient donc en arrière.
Le Sénat a pourtant adopté notre amendement au sein du rapport annexé au projet de Lopmi, prévoyant ce nécessaire investissement de 300 millions d’euros annuels dans l’immobilier domanial. Quelle est votre intention, madame la ministre, s’agissant de la mise en œuvre de cette disposition, pour 2023 mais aussi pour les années suivantes ?
En ce qui concerne les véhicules, un renouvellement de 2 000 unités seulement est prévu pour 2023, chiffre le plus bas depuis 2014. Il est vrai qu’un effort important avait été consenti sur la période 2020-2022, avec plus de 3 500 véhicules par an, ce qui a permis de rajeunir un peu le parc.
Là encore, la stabilité et la pluriannualité sont indispensables, afin d’avoir un parc de véhicules légers qui reste en bon état au fil du temps, et non des périodes fastes qui alternent avec des périodes où l’état des véhicules est indigne. En 2023, nous serons bien au-dessous du renouvellement annuel de 10 % du parc pourtant inscrit dans le rapport annexé au projet de Lopmi.
Je terminerai par un point positif, en évoquant la réserve opérationnelle de la gendarmerie. Le projet de Lopmi prévoit le passage de 30 000 à 50 000 réservistes, objectif qui paraissait ambitieux compte tenu de la stagnation des crédits au cours des dernières années. Or on observe bien, au sein du programme 152 pour 2023, une hausse de 20 % des crédits fléchés vers la réserve, ce dont nous nous félicitons.
La progression significative des crédits du programme 152 a conduit notre commission à donner un avis favorable sur leur adoption, même si nous gardons à l’esprit certains points négatifs, en particulier la poursuite du sous-investissement dans l’immobilier auquel il faudra impérativement remédier dans les prochaines années.