un très beau projet d'école sur la forêt, qui vient d'Avignon.
Quant au spatial, nous étions, jusqu'à une date relativement récente, dans une coopération spatiale européenne. Ariane ne serait pas née sans tout cela. De cette coopération, on passe à une compétition, l'Allemagne et l'Italie ayant notamment décidé de se remettre aux micro-lanceurs.
Nous sommes tous au même niveau à l'heure où nous parlons, si ce n'est que l'Italie et l'Allemagne vont utiliser des technologies américaines, notamment SpaceX, pour rattraper un certain retard dans le domaine militaire concernant les micro-lanceurs. La bataille commence. Elle est critique, parce qu'elle est dédiée au développement de la science et à l'exploration de l'espace civil, mais elle est fondamentalement dans la dualité militaire.
Certains budgets qui ne relèvent pas du SGPI viennent en appui. Je n'en ai pas connaissance, mais je trouve cela logique. Je ne pense donc pas que nous puissions parler de retard au sujet de l'espace dans ces domaines. Je ne fais pas ici référence aux gros lanceurs, qui exigeront d'être d'accord sur le plan continental. Une importante base située dans les pays scandinaves s'organise pour devenir un site de lancement de micro-lanceurs. Nous travaillons activement avec eux pour être sûrs d'avoir nos slots.
Concernant la Cour des comptes, nous sommes régulièrement audités et contrôlés. Cela nous permet de nous améliorer. Je ne m'attends pas à ce qu'elle nous félicite. Je ne peux prétendre que nous sommes parfaits, mais nous sommes au clair sur ce sujet.
Concernant l'automobile, une de mes passions dans la vie, c'est l'histoire industrielle. Le passage du cheval à l'automobile, en France, a nécessité 65 ans. Cela va être la même chose pour passer du thermique à l'électrique. Il faut être lucide par rapport au futur. La Commission européenne parle de véhicules à zéro émission de CO2.
La mise au point de l'essence, qui paraît banale aujourd'hui, a demandé 30 ans. Au départ, on partait du pétrole brut ou on distillait dans son jardin. Comment roulaient les premières automobiles ? Il n'y avait pas de pompes ! Il fallait trouver de l'essence. C'était du « bidouillage » ! Je pense que les bornes électriques sont aujourd'hui du « bidouillage ».
Nous sommes tous d'accord sur le fait que passer une demi-heure à charger sa voiture un 15 août sur l'autoroute va constituer un léger problème. Les files d'attente qu'on a connues aux pompes à cause de la grève ne sont rien à côté.
Faisons confiance à la technologie, qui va considérablement évoluer, à commencer par celle des batteries. Les premiers téléphones portables avaient une autonomie extrêmement courte. Ceux qui ont connu le Bi-Bop, à Paris, le savent : lorsqu'on s'éloignait à plus de 200 mètres de la borne, cela ne fonctionnait plus. Faisons donc confiance à la technologie !
Je ne suis pas d'accord avec M. Tavares sur la voiture électrique, et je lui ai dit : il y avait les mêmes débats quand les voitures sont apparues en France. Je vous recommande un livre, que vous pourrez trouver sur Amazon ou Le Bon Coin, intitulé Chauffeurs. « Chauffeur » vient de « chauffard ». On prétendait que les voitures allaient écraser tout le monde et qu'il ne fallait pas stimuler l'industrie automobile.
L'énergie électrique est l'énergie de demain. Certes, il existe plein d'obstacles technologiques, mais peut-être que le véhicule de demain n'est pas le véhicule automobile d'aujourd'hui.
La Chine développe les véhicules intermédiaires, quelque part entre le vélo électrique et la première Zoé. Ce sont des machines dont le prix est compris entre 7 000 et 10 000 euros, qui peuvent parfois descendre à 4 000 euros. Peut-être qu'une partie de nos concitoyens décideront de louer une voiture pour le week-end et utiliseront un petit véhicule de ce genre le reste du temps. Certains ont déjà commencé. Quand ils achètent des vélos électriques, ils changent de méthode de mobilité.
Si l'on croit que l'on va reproduire les schémas du thermique avec l'électrique, on se trompe. Cela n'enlève rien au fait qu'on dépense quand même 300 millions d'euros dans le plan pour développer le réseau des bornes électriques.
Enfin, s'agissant des applications industrielles, celles-ci constituent mon travail de chaque jour. Il ne faut pas commettre d'erreur. La science est inépuisable, et ceux qui pensent qu'on a tout découvert se trompent considérablement.
Ma rencontre avec Alain Aspect m'a fait découvrir un autre monde. Les plus vieux ne la connaîtront pas, mais il y aura une révolution quantique réelle d'ici 50 à 60 ans, voire un siècle. C'est une nouvelle manière de voir le monde, qu'on a du mal à comprendre aujourd'hui. De la même façon qu'il y a eu une révolution électrique, il y aura une révolution quantique. Il ne faut donc pas négliger la science fondamentale et continuer à investir dans la science. Les chercheurs cherchent mais ne trouvent pas forcément. Il est important de creuser ce sillon.
Je suis d'accord avec vous sur le fait que l'heure est grave en termes d'industrialisation. En dehors du budget consacré aux sciences fondamentales, qui représente 10 % du total tout confondu, tout le reste doit être mis sur l'industrialisation.
Plutôt que parler de réindustrialisation ou de relocalisation, je préfère parler de néo-industrialisation. Des aciéries passent au four électrique, des cimenteries commencent à faire du ciment avec des technologies qui divise par dix l'énergie dont elles ont besoin. Les technologies fines proposent du sur-mesure industriel, avec des usines plus concentrées, plus petites, qui vont forcément contribuer au réaménagement des petites villes.
Je crois à tout cela, mais notre vrai problème réside dans l'appétence des jeunes vis-à-vis de la science. Nous avons, dans l'Est de la France, de très nombreuses formations professionnalisantes industrielles qui ne sont remplies qu'à 40 %, alors que les machines-outils ont coûté très cher.
Le noeud du problème est de redonner confiance à la jeunesse dans une science plus propre, plus vertueuse pour la planète, qui permette de vivre avec des salaires décents et de gagner en compétitivité grâce à l'innovation.
N'hésitez pas à m'adresser des questions précises par écrit. Je me ferai un devoir d'y répondre. J'ai une mission territoriale essentielle, et vous en êtes les relais.
La réunion est close à 11 heures 10.
Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo disponible en ligne sur le site du Sénat.