Mon colonel, j'aurai d'abord une remarque. Il est très difficile au fond de savoir ce qui se passe. Vous faites des supputations, vous donnez des chiffres mais nous ne savons rien de manière certaine. Il est très difficile de savoir si les courbes ne se recroiseront pas. À vous entendre, la guerre serait en passe d'être perdue par les Russes, cette défaite n'étant qu'une question de temps. Disposez-vous d'éléments pour appuyer cette conviction ? Du fait de la désinformation, nous n'avons aucune preuve sérieuse de la dégradation de la situation pour les Russes.
Par ailleurs, si vous aviez devant vous quelqu'un - comme c'est mon cas - qui n'est pas convaincu du bien-fondé de notre action contre la Russie, quels arguments avanceriez-vous ? En quoi est-ce dans la défense de ses intérêts que la France se mobilise contre la Russie ? Personne, pas même le chef de l'État, ne nous a véritablement expliqué quel était l'intérêt stratégique majeur de la France d'intervenir contre la Russie ?
Vous avez avancé la nécessité de reconstituer nos forces pour être en mesure de nous projeter, ce que nous ne sommes plus en capacité de faire. Nous nous sommes projetés dans des pays africains car nous avions des accords de défense avec ces pays. Jusqu'à preuve du contraire, nous ne sommes pas alliés avec l'Ukraine. La reconstitution des forces est nécessaire pour protéger notre nation en cas d'agression. Justifier cette reconstitution par la nécessité de se projeter en Ukraine ne me paraît cependant pas opportun. Même le président Biden a indiqué qu'il n'y aurait pas un seul soldat américain sur le sol ukrainien. Tout en soulignant la qualité de vos propos, je reste donc dubitatif.