En termes d'équipement, la Russie est plutôt abondamment pourvue. Les missiles sont les seuls équipements critiques qui pourraient lui manquer. Nous avons beaucoup d'interrogations sur la capacité de la Russie à maintenir sa campagne de frappes sur la longue durée, celle-ci leur coutant d'ailleurs très chère. Depuis le début de la guerre, les Russes ont lancé entre 1500 à 2000 missiles, à plusieurs millions d'euros pièce. Ils ont ainsi dilapidé un de leur atout stratégique, qui consistait dans cette capacité de frappes de missiles conventionnels dont tous peuvent porter l'arme nucléaire. Les Russes semblent utiliser d'anciens stocks de missiles anti-navires afin de frapper - sans grande précision - des bâtiments. Ils utilisent également des missiles anti-aériens pour détruire des bâtiments, ce qui constitue un emploi assez luxueux.
L'Iran dispose en effet d'un arsenal de frappes conventionnelles qui pourrait être utile à la Russie. Si les drones Shahed ont beaucoup d'avantages, ils présentent l'inconvénient de porter une charge utile relativement faible. Les Shahed 136 utilisés par les Russes sont des obus lancés à très grande distance, qui n'ont pas la puissance d'un missile. Ils ne peuvent pas être un substitut à la frappe de missiles. La fourniture par l'Iran de missiles balistiques à la Russie lui permettrait de prolonger sa campagne aérienne, avec toutes les conséquences imaginables pour les populations civiles ukrainiennes. Cette fourniture n'est néanmoins pas certaine car elle conduirait l'Iran à se priver d'un atout stratégique contre Israël. La Corée du Nord pourrait de même apporter un soutien, avec des moyens plus vétustes.
La quantité d'obus dont dispose la Russie reste une inconnue. L'atout principal de l'armée russe est son artillerie. Or cette artillerie consomme énormément d'obus et de munitions et leur production ne peut pas compenser ce qui est utilisé. Beaucoup de pays disposent d'anciens matériels soviétiques, qui pourraient venir en renfort de l'armée russe. La Russie récupère également des équipements chez son voisin biélorusse.
J'ai eu l'impression que l'armée russe qui a attaqué l'Ukraine était la même que celle contre laquelle je m'entraînais au début des années 1980, lorsque nous nous préparions à des scénarios d'invasion de l'Allemagne de l'Ouest. Les équipements, les structures, l'organisation sont sensiblement les mêmes. À l'époque, nous n'imaginions pas que cette guerre puisse durer des mois ; nous étions plutôt sur des scénarios de quelques jours voire quelques semaines. Les forces étaient alors taillées en conséquence. Une des surprises du conflit en Ukraine est sa durée et sa violence, ce qui montre que les stocks de matériels et de munitions étaient suffisants pour permettre de durer.
S'agissant du moral de l'armée russe, je rappelle que le métier militaire est très particulier. Pour assurer que des soldats continuent de combattre, deux conditions sont nécessaires. Il faut d'abord qu'ils aient de bonnes raisons pour combattre (défendre la patrie, faire partie d'une unité prestigieuse, pression des camarades...). Il faut également qu'ils soient confiants dans leur capacité à mener le combat (capacités techniques, tactiques, équipements reçus, confiance dans ses camarades et dans ses chefs...). Seule cette alchimie complexe garantit que les soldats se livrent effectivement au combat. Quand les pertes et les défaites se multiplient, la cohésion des troupes se dissout. Des nouveaux venus, qui ne sont pas forcément bien formés, rejoignent les rangs. La qualité de l'armée se dégrade alors progressivement et elle devient alors passive. C'est la situation à laquelle pourrait être confrontée la Russie. Il n'y a pas aujourd'hui de débandade mais le moral des troupes russes est relativement bas.
J'ai rappelé tout à l'heure que la situation pouvait évoluer rapidement. Les Russes pourraient changer le cours de la guerre s'ils prenaient le temps, plutôt que d'envoyer des quantités de soldats mal formés, de reconstituer une armée solide, avec des unités de combat forts de leur cohésion. Un des points faibles de l'armée russe est son encadrement, notamment celui assuré par les sous-officiers. L'armée russe est une armée un peu hybride, qui a voulu copier le modèle occidental en se professionnalisant mais sans avoir suffisamment de volontaires pour le faire complètement. Ces volontaires ne restent pas très longtemps et la Russie n'a jamais pu bénéficier d'un vivier permettant de disposer d'un véritable corps de sous-officiers, constituant l'armature d'une armée. Si les soldats russes sont malgré tout globalement résilients, la cohésion des unités s'est très largement dissoute. Les attaques ne sont d'ailleurs souvent plus portées que par certaines unités d'élite, comme les troupes parachutistes, l'infanterie de marine, les forces Wagner ou encore des unités périphériques comme les forces tchétchènes. Ce modèle ressemble un peu à celui de l'Allemagne du IIIème Reich, avec plusieurs petites armées à part qui coopèrent très peu entre elles. Il faudrait également mentionner la garde nationale, dirigée par Viktor Zolotov, l'ancien garde du corps de Vladimir Poutine. Le FSB et le GRU disposent eux aussi de leurs propres armées régulières.
L'intérêt de Wagner est en principe d'agir là où l'armée régulière n'intervient pas. Ce groupe agit là où la Russie ne veut pas apparaitre officiellement, dans des zones sensibles politiquement ou même militairement. Un soldat Wagner qui meurt n'est comptabilisé nulle part. La nouveauté est que cette armée de mercenaires est désormais utilisée aux cotés de l'armée régulière et parfois en substitut de celle-ci. Il semble même que les mercenaires de Wagner soient bientôt retirés du Mali pour être engagés en Ukraine. L'historien arabe Ibn Khaldoun rappelait qu'une des particularités des empires est de démilitariser la société pour la pacifier et d'assurer la défense de l'empire par des mercenaires. La situation russe s'en approche. La Russie a engagé la guerre sans impliquer la société ou, du moins, en la maintenant le plus possible à distance. Vladimir Poutine n'a pas confiance dans la société et connaissait les risques de l'impliquer dans ce conflit. C'est la raison pour laquelle la mobilisation partielle a été retardée autant que possible.
La mobilisation constituait une boîte de Pandore, qui pouvait conduire à de nombreux mécontentements, amenant potentiellement à un changement de régime. L'histoire de la Russie montre que les régimes sont très vulnérables aux échecs militaires. Il fallait donc confier la guerre à des soldats professionnels, souvent issus des minorités périphériques. Des Syriens et des Afghans (formés d'ailleurs en partie par la France) ont pu être recrutés. Evgueni Prigojine, le responsable des forces Wagner, fait partie de ces petits seigneurs de la guerre qui se sont révélés en périphérie du pouvoir et qui contestent directement l'armée. Il y a ainsi une guerre de clans, appelé « guerre des tours » en référence aux tours du Kremlin. Le pouvoir vacille bien qu'il n'y aura probablement pas de révolution du peuple. La participation ou non de Vladimir Poutine au G20 à Bali le 20 novembre sera éclairante. V. Poutine sera certainement tenté de ne pas y assister par crainte de s'éloigner dangereusement du Kremlin.
La guerre a été déclenchée parce que la Russie a misé sur la faiblesse de la réaction internationale. Comme beaucoup, je pensais que Vladimir Poutine ne se lancerait pas dans cette guerre car ce n'était pas conforme à l'histoire de l'emploi brutal mais relativement prudent de la force en Russie. La Russie et l'Union soviétique n'ont engagé la force que lorsqu'elles estimaient qu'il n'y aurait pas ou peu de réaction de l'étranger. En 2014, la révolution de Maïdan a certes précipité les choses mais l'intervention russe s'explique surtout par le sentiment dominant que les États-Unis ne bougeraient et que le Président Obama était faible et non interventionniste. Le non-respect de l'engagement sur la ligne rouge constituée par l'usage d'armes chimiques en Syrie avait marqué les esprits. Cet aveu de faiblesse a été exploité et a entrainé la série d'interventions russes en Crimée, dans le Donbass et en Syrie en 2015.
L'engagement à refuser d'envoyer tout soldat américain en Ukraine formulé par Joe Biden est à mon sens une erreur stratégique. Il faut toujours maintenir une certaine ambiguïté sur la possibilité de l'emploi de la force. Cette déclaration est, d'une certaine façon, un feu vert donné aux Russes. En dehors des sanctions économiques, il n'y aurait ainsi pas de réaction forte.
En février 2022, Poutine a sous-estimé les réactions du monde occidental et a surestimé les capacités de son armée. Rétrospectivement, s'il avait eu ces éléments, il est probable qu'il n'aurait pas lancé cette guerre, qui lui coûte très chère, pour un gain qui est effectivement assez limité pour l'instant. Si la guerre s'arrêtait aujourd'hui, cela constituerait une petite victoire, mais à un prix absolument colossal !
S'agissant de la surprise de Balaklya, je rappelle les faits. Au tout début du mois de septembre, dans la province de Kharkiv, les Ukrainiens réussissent pour la première fois dans cette guerre une percée du front spectaculaire. Tout le front russe est disloqué. Pour ce faire, l'armée ukrainienne a concentré un certain nombre de forces à proximité de la ligne de front, avec au moins six brigades constituées chacune de 3 à 4000 hommes. Les Russes n'ont soit rien vu, soit rien fait pour parer cette attaque. J'ai été moi aussi surpris : je ne pensais pas qu'une attaque de cette importance puisse être organisée sans être repérée. Cela est très surprenant compte tenu des moyens dont les Russes disposent, depuis les satellites et les drones jusqu'à la brigade Spetsnaz infiltrée dans chaque unité pour observer la situation sur le front. Les moyens de renseignement russes ont-ils été défaillants ou ont-ils été mal exploités ? La chaîne de commandement russe a en tout cas était très mauvaise dans son estimation de la situation. Je suis encore sous le coup de l'étonnement !
Les Russes sont souvent étonnants. L'épisode du croiseur russe Moskva, où les Russes n'ont pas été capables de parer une attaque de missiles, en est une autre illustration. Je m'interroge aussi sur les raisons qui poussent les Russes, à travers le groupe Wagner, à s'obstiner à attaquer depuis trois mois la ville de Bakhmout, alors que cette attaque n'a plus vraiment de sens d'un point de vue militaire.
Concernant le modèle d'armée pour la France, je rappelle que chaque programme d'équipement majeur coûte en moyenne entre 2 à 4 fois le prix de la génération précédente qu'il remplace. Sur la longue durée, on constate que le coût des équipements militaires majeurs augmente d'environ 7 % par an (les chars de bataille américains coûtent en moyenne 10 % de plus chaque année). Or, les budgets d'équipements ne croissent pas dans la même proportion. Il y a donc obligatoirement une contraction des moyens. En France, nous avons connu une grande crise budgétaire de la fin de la guerre froide jusqu'en 2015. Dans les années 1980, nous avions lancé de nombreux programmes d'armement (avions Rafale, porte-avions Charles de Gaulle, hélicoptères Tigre, véhicules blindés de combat d'infanterie, chars Leclerc...). Ces programmes ont été conçus à une époque où le budget de la défense approchait des 3 % du PIB.
Nous avons par la suite conservé tous ces grands programmes tout en diminuant l'effort de défense. En 2015, le budget de la défense était ainsi en euros constants équivalent à celui de 1984. Certains programmes ont dû alors être réduits, d'autres ont été retardés. Des programmes comme le véhicule blindé de combat d'infanterie ou les frégates multi-missions auront au bout du compte coûté plus chers qu'initialement prévu avec au final moins d'équipements qu'originellement envisagé. Des équipements anciens ont dû également être conservés, qui ont couté très chers du fait de leur maintenance. Pour financer ces grands programmes, des économies sur le budget de fonctionnement ont aussi été décidés via la suppression de dizaines de milliers de postes. Cette contraction du budget des armées a conduit à réduire sérieusement notre capacité de projection. Le contrat opérationnel majeur de nos armées impose de pouvoir déployer 15 000 hommes et femmes complétement équipés. En 1990, nous étions capables en l'espace de quelques jours de déployer aux frontières 120 régiments de combat, dans l'armée de terre uniquement (blindés, infanterie, hélicoptères de combat, active, appelés, réserve). Actuellement, l'armée de terre ne pourrait déployer aux frontières dans l'immédiat qu'entre 10 à 15 régimes complétement équipés, au grand maximum.
Dès lors, se concentrer uniquement sur des grands programmes d'équipement toujours plus sophistiqués et toujours plus chers aboutit mécaniquement à une contraction de nos armées car nous n'avons tout simplement pas les moyens de les financer. Disposer d'engins très sophistiqués dans certains domaines clés est essentiel mais il faut avoir un système mixte, comprenant aussi des éléments plus « low cost ». Les drones TB2 Bayrakdar turcs en sont un exemple parfait. Ces drones ne sont pas à la pointe de la technologie mais ils ont l'avantage d'exister et d'être relativement peu coûteux, quand la France attend quant à elle toujours son propre drone armé. Ces drones TB2 ont eu un rôle déterminant lors des combats d'Idlib en Syrie, en Arménie, en Libye, en Éthiopie mais également en Ukraine au début de la guerre. La France n'a malheureusement pas développé d'engins similaires. La faute en revient en partie à nos industriels, qui ne considèrent pas la production de tels engins comme suffisamment rentable ou prestigieuse.
Des choix politiques entrent également en jeu. Il y a dix ans, la société française Panhard avait mis au point le CRAB, engin blindé de reconnaissance relativement rustique, peu coûteux et très efficace. L'armée de terre l'a refusé, considérant qu'il n'était pas assez coûteux ! L'adoption de ce système aurait permis de justifier une réduction du budget des armées. Pour défendre ce budget, il fallait donc proposer des programmes plus chers ! De même, il a fallu attendre 10 ans pour changer les fusils d'assaut de notre armée, alors même que nos soldats étaient engagés en Afghanistan. Je citerai également l'exemple du système FELIN pour le fantassin, qui de l'aveu de tous les régiments d'infanterie ne fonctionne pas. Nous avons mis 20 ans pour développer ce système qui est devenu une véritable usine à gaz portable. Beaucoup de progrès doivent être faits sur la manière dont nous gérons nos programmes d'équipement.
J'ai peu d'éléments sur la gestion des blessés en Ukraine. Cette guerre nous rappelle en tout cas la possibilité de la mort à grande échelle.
Le renseignement américain a en effet été capital, via les moyens satellitaires, les avions, les radars ou les drones de surveillance volant à proximité de la frontière ou dans les eaux de la mer Noire. Ces actions sont fondamentales car elles permettent de déceler les tirs de missiles. Les missiles balistiques ou les missiles de croisière dirigés contre l'Ukraine ne sont pas lancés depuis l'Ukraine mais depuis les zones périphériques, de la Biélorussie à la mer Noire. Les missiles balistiques mettent 5 à 10 minutes pour atteindre leur objectif ; il faut donc réagir très vite. Les radars aériens américains ou les satellites permettent de déceler ces tirs. Quand ils le peuvent, les Américains communiquent ces éléments qui permettent à la défense anti-aérienne ukrainienne de s'organiser efficacement. Le renseignement peut également être tactique via les émissions radio, les Russes n'étant pas très discrets en la matière. La dislocation du dispositif russe après la victoire de Kharkiv a d'ailleurs permis de récupérer énormément de matériel russe dont des équipements de guerre électronique. Des renseignements importants au profit des Ukrainiens ont alors pu être obtenus sur les systèmes de communication, de transmission et de détection russes.
Les Ukrainiens bénéficient d'une supériorité incontestable de l'information d'un point de vue tactique, grâce aux États-Unis mais également de leur propre mérite. L'armée ukrainienne est désormais la plus connectée au monde. La population civile communique par ailleurs grâce au réseau Starlink d'Elon Musk, ce qui constitue un véritable atout stratégique Les Russes n'ont pas été capables de couper les communications, alors que ces actions de sabotage sont rituelles en début de conflit pour paralyser les commandements. Ces nombreuses informations tactiques, couplées à une capacité de frappe précise à longue distance, ont des effets considérables.
Les lance-roquettes multiples à grande distance sont aussi un atout majeur pour les Ukrainiens. L'infanterie ukrainienne est désormais celle qui est la mieux dotée au monde en armements antichars. Ces armements présentent l'avantage de pouvoir frapper par le haut permettant d'atteindre les points les plus vulnérables des chars ou des véhicules blindés russes. Dans le premier mois de guerre, environ un millier de véhicules de combat majeurs ont été perdus par les Russes, dont au moins 400 chars de bataille (la France en possède 250). Ceux qui ont été détruits l'ont été en grande partie par le haut.
La stratégie russe d'attaque des villes est clairement une stratégie par défaut. Les Russes y ont recours car ils n'ont pas d'autres marges de manoeuvre et espèrent que cela fera céder la population. Historiquement, ce type de stratégie ne fonctionne pas. Jamais une population n'a cédé sous la pression des bombardements. Vous avez rappelé que j'ai été engagé à Sarajevo. Une moyenne de 253 obus tombait chaque jour sur la ville. La population n'a pas pour autant flanché. Les seuls cas où la population a cédé sous la pression sont ceux de la population russe en 1917 et de la population allemande en 1918. Cette pression s'accompagnait cependant de défaites militaires. Les Ukrainiens ont connu la période de crise des années 1990, où ils subissaient des coupures d'électricité. Même si cela est difficile, ils résisteront à la campagne russe actuelle de déstabilisation.
Les drones iraniens sont en effet sensiblement les mêmes que ceux utilisés en Arabie Saoudite.
La couche spatiale fait partie des vulnérabilités potentielles. L'espace est régi par le traité de 1967 qui dispose qu'il s'agit d'un territoire n'appartenant à personne, comme pour la haute mer. Si la zone n'appartient à personne, les objets qui s'y trouvent appartiennent bien à des nations. Attaquer ces objets revient à attaquer directement ces nations. Compte tenu de notre grande dépendance à l'espace, il faut y concevoir des possibilités de combat. Surtout il faut se préparer à la situation où il n'y aurait plus de liaisons Internet. Les conséquences pour les armées et la société doivent être anticipées. Le roman de science-fiction Spin imagine une telle situation, avec la formation d'une bulle autour de la Terre coupant toutes les liaisons satellites.
L'aide à l'Ukraine est d'abord une décision politique. Je rappelle que nous avons fait la guerre à l'Irak parce que ce pays avait envahi le Koweït, foulant au pied toutes les règles du droit international. La Russie, qui appartient tout de même au Conseil de sécurité de l'ONU, fait lui aussi complétement fi du droit international, en envahissant sans raisons valables un pays voisin. Je pense que nous avons raison d'aider l'Ukraine. C'est la Russie qui nous a déclaré la confrontation. Je vous renvoie au discours de Vladimir Poutine du 30 septembre ou encore à ces déclarations récentes : cet homme nous déteste. Étant entre puissances nucléaires, il ne peut pas nous déclarer la guerre. Mais nous sommes bien dans une situation ressemblant au contexte de la guerre froide. Le discours de Vladimir Poutine aurait pu être un discours du temps de l'Union soviétique, se plaçant à la tête du camp anti-impérialiste, contre les puissances occidentales décadentes. La différence est que l'Union soviétique pouvait éventuellement proposer un modèle séduisant alors que le modèle russe actuel n'est pas forcément attractif. Le ton est aujourd'hui beaucoup plus réactionnaire et menaçant. C'est la Russie qui, la première, a déclenché depuis plusieurs années les hostilités à notre égard. Nous ne pouvons pas laisser passer cette violation du droit international. Cette décision, très largement politique, aurait probablement méritée d'être expliquée plus clairement devant le Parlement.