Monsieur le candidat, monsieur le maire - ce n'est pas par hasard que j'emploie ce mot -, après avoir interpellé à plusieurs reprises le Président de la République sur la vacance de la présidence de l'Ademe provoquée par le départ anticipé d'Arnaud Leroy en juin dernier, nous avons beaucoup de plaisir à vous recevoir aujourd'hui.
En tant que membre du conseil d'administration de l'Agence, j'ai pu constater que cette vacance, qui a duré six mois, a créé des inquiétudes et jeté une certaine confusion dans les services de cette instance.
L'Ademe est le premier opérateur de l'État pour la transition écologique. À l'heure de la sobriété générale pour nos concitoyens et nos collectivités territoriales, il eût été judicieux d'avoir un président de l'Ademe susceptible de porter une voix singulière dans le cadre du débat budgétaire.
Les moyens de l'Ademe augmentent de 46 millions d'euros, passant de 154 millions d'euros à 210 millions d'euros. Toutefois, cette augmentation dissimule certaines baisses de crédits, comme ceux qui sont dédiés au fonds Barnier. Il n'est pas sûr que la hausse des moyens soit à la hauteur des missions dévolues à l'Ademe au travers de la loi Agec, notamment la supervision des nouvelles filières REP.
Il existe un véritable enjeu d'emplois à l'Ademe. Même si certains postes sont créés, les effectifs sont quasiment constants depuis 2009, alors que les projets à piloter sont de plus en plus importants. L'Ademe recrute donc des intérimaires qui sont dans l'incapacité de suivre les dossiers sur le long terme, ce qui n'est pas bon pour notre ingénierie d'État et le suivi des projets des collectivités territoriales. J'espère que vous pourrez nous répondre sur ce sujet.
Depuis la loi 3DS, le Gouvernement souhaite reprendre en main, voire recadrer, l'Ademe, sous la houlette du préfet de région. Vous l'avez dit sans ambiguïté, l'Ademe a eu trop d'autonomie. Selon Christophe Béchu, le Gouvernement souhaiterait adresser des feuilles de route de début de mandat aux différentes agences d'ingénierie de l'État en matière de transition écologique. Face à ce nouveau dispositif, les élus locaux sont un peu perdus. Jusqu'à présent, le fonctionnement de l'Ademe offrait une certaine souplesse permettant de consommer tous les crédits, voire de les réorienter au cours de l'année. Désormais, les choses risquent de s'organiser en silo, avec des enveloppes non consommées.
Quelle est votre vision de l'articulation entre l'Ademe, l'ANCT, le Cerema et l'État déconcentré ? Avez-vous connaissance des feuilles de route évoquées par M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires ?
S'agissant de l'exercice de votre fonction de maire, comptez-vous démissionner de vos mandats électifs à la mairie ou à l'agglomération de Charleville-Mézières, pour vous consacrer entièrement à votre tâche à l'Ademe ? Si tel n'était pas le cas, celui induirait un changement de paradigme à la présidence de l'Ademe, qui deviendrait le bras armé des décisions de l'État central.
Enfin, l'Ademe a publié en 2021 quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Ces derniers prévoient tous une part importante d'électricité renouvelable. Avez-vous pu en prendre connaissance ? Penchez-vous en faveur de l'un d'eux ?