Je ne vous connais pas personnellement, et je ne doute pas que vos compétences et votre parcours d'élu local constituent des atouts intéressants. Le seul fait que vous ayez été brillamment réélu suffit à mes yeux. Toutefois, je voudrais vous faire part d'un certain malaise.
Lors de l'examen de la loi 3DS, nous avons débattu des missions essentielles de l'Ademe. Les objectifs qui seront peut-être les vôtres demain sont tout aussi essentiels dans cette phase de transition énergétique. Dès lors, l'agence devient un organisme du plus haut intérêt. En briguant sa présidence, vous briguez, au fond, une fonction nationale.
Or vous nous avez expliqué que votre fonction d'élu local constituait, ce que je crois vrai, un atout supplémentaire pour exercer cette fonction. Le problème, c'est que vous ne dites rien d'autre que ce que nous n'avons eu de cesse de répéter pendant des années pour convaincre l'opinion qu'un parlementaire pouvait cumuler ses fonctions avec celles d'un élu local. Tous ici, nous avons été aux commandes de nos villes, de nos villages, de nos communautés pendant des dizaines d'années. Vous n'y êtes pour rien, mais nous avons dû choisir d'abandonner la conduite de nos projets locaux pour la simple raison qu'exercer une fonction nationale ne pouvait être compatible avec un mandat local pour des raisons d'éthique, de disponibilité... Pourquoi en irait-il autrement pour vous ? En accédant à la présidence de l'Ademe, vous deviendriez en effet un personnage national, ce qui peut d'ailleurs expliquer les émoluments que vous évoquiez et qui ne me choquent nullement. Je voudrais m'assurer que vous comprenez bien le malaise qui est le nôtre face à cette situation.
Qu'en sera-t-il quand les territoires sur lesquels vous exercez des fonctions électorales pourront prétendre à bénéficier de certaines politiques de l'Ademe ? On vous opposera sans doute d'être juge et partie...