Madame, Monsieur, mes chers collègues, la santé des femmes est un enjeu majeur, qui intéresse de nombreux sénatrices et sénateurs au sein de la délégation. Pour cette raison, nous avons nommé début octobre quatre rapporteures afin d'explorer cette thématique de travail : Laurence Cohen, Annick Jacquemet, Marie-Pierre Richer et Laurence Rossignol.
Un travail important a déjà été mené par le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), qui a publié en décembre 2020 un rapport intitulé Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique. Nous ne pouvions donc pas entamer nos travaux sans entendre certains de ses représentants. Nous sommes de ce fait très heureux d'accueillir ce matin Gilles Lazimi, co-président de la Commission « Santé, droits sexuels et reproductifs » du HCE, et Catherine Vidal, membre de cette même commission et auteure du rapport que j'évoquais à l'instant. Je vous souhaite à tous deux la bienvenue.
Nous vous laisserons nous présenter les grands enseignements de votre rapport ainsi que les suites qui ont pu être données à vos recommandations, deux ans après sa publication.
Vous pointiez notamment dans votre rapport un sous-diagnostic, chez les femmes, des maladies cardiovasculaires, des troubles du spectre autistique ou encore de l'endométriose. Avez-vous constaté des progrès en la matière ?
Vous indiquiez a contrario que certaines pathologies sont malheureusement davantage associées aux femmes : celles-ci souffrent ainsi deux fois plus de dépression que les hommes, les facteurs de risque de dépression liés au contexte socioéconomique (précarité, charge mentale, violences) les affectant davantage. La prise en charge des dépressions, des tentatives de suicide, des troubles de l'alimentation, des addictions, et de la santé mentale de façon plus générale, nous semble un sujet à ne pas négliger. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet, aujourd'hui ? Cette prise en charge vous semble-t-elle satisfaisante ?
S'agissant des politiques de prévention, quels devraient être, selon vous, les principaux programmes à destination des femmes ? Vous avez salué une amélioration de la prévention et de la prise en charge des cancers du sein et du col de l'utérus. Cependant, nous savons notamment que la couverture vaccinale contre le papillomavirus reste, à ce jour, insuffisante.
Nous nous intéressons également à la place des femmes dans les recherches cliniques et biomédicales. Nous nous réjouissons avec vous qu'il n'y ait plus désormais de sous-représentation des femmes au sein des essais cliniques. Pour autant, il nous semble que ce n'est pas le seul sujet. Tous les grands scandales sanitaires depuis soixante ans ont concerné des médicaments et traitements destinés principalement aux femmes (Dépakine, Mediator, Distilbène, Levothyrox...). Avez-vous pu explorer la question du financement et de la production de médicaments à destination des femmes ? Où en est-on de la recherche sur l'impact des perturbateurs endocriniens, en particulier sur la fertilité des femmes, et sur les traitements hormonaux qui leur sont destinés ?
Enfin, vous nous direz quels sont les sujets que vous n'avez pas pu ou pas souhaité développer au sein de votre rapport. Estimez-vous qu'il existe des angles morts qui mériteraient aujourd'hui d'être approfondis ?
Je vous laisse sans plus tarder la parole. Je proposerai, après votre propos introductif, à mes collègues d'intervenir.