Je maintiens que l'arbitrage entre sécurité et sûreté s'applique d'ores et déjà implicitement. Dans ses considérants, l'ASN a par le passé fait état de l'impératif de sécurité électrique. Affirmer que la sûreté constitue une priorité absolue ne signifie pas qu'elle est un critère absolu. Nous relativisons et proportionnons en permanence les décisions, comme c'est le cas actuellement avec la pression exercée par l'enjeu de la sécurité électrique. Des propos récents du ministre de l'Économie enjoignaient notamment EDF de redémarrer à tout prix ses réacteurs avant l'hiver.
Le manchonnage n'était pas une option tant que la stratégie consistait à procéder à des examens destructifs, qui impliquent une réparation des coudes. En revanche, c'est bien une option qui peut répondre à la préoccupation d'apporter une réponse pérenne, pour éviter le risque de réapparition de ce phénomène.
La corrosion sous contrainte repérée sur un réacteur du palier 900 mégawatts serait due à un micro-défaut sur une soudure, non détecté au préalable. Nous devons avoir conscience que des écarts jugés minimes a priori peuvent devenir importants. Le retour d'expérience grâce aux 115 découpes réalisées et aux analyses des fissures apparentes n'explicite par ailleurs pas exhaustivement la vitesse à laquelle de nouvelles fissures pourraient se propager dans des équipements vieillissants. Nous devons être très prudents sur ces sujets.
Enfin, à ma connaissance, les articles 8 et 9 du projet de loi d'accélération nucléaire prévoient, dans l'exposé des motifs, de sécuriser juridiquement la prolongation des réacteurs existants. Il s'agit donc d'une orientation qui peut aller contre la prudence à laquelle nous appelle le dossier évoqué ce jour.