Madame la ministre, en France, les crises sanitaires et économiques se succèdent malheureusement, mettant en lumière une demande forte de reconnaissance, notamment par le salaire, de l’utilité économique et sociale de nombreux travailleurs précaires, à temps partiel et faiblement rémunérés.
Alors que l’inflation galope au rythme effréné de 6 % sur un an, un sentiment de déclassement accable des millions de Français, contraints de s’en remettre à des primes, des allocations ou des chèques pour simplement survivre.
Ces dernières années, le salaire des 10 % de travailleurs les mieux payés a augmenté trois fois plus vite que celui des 10 % les moins rémunérés. Légitimement, s’exprime le besoin d’un meilleur partage des richesses produites et la volonté de vivre dignement avec des salaires décents.
On voit bien qu’il y a urgence à engager la revalorisation du facteur travail par l’augmentation des salaires, et ce sans avoir pour seule réponse des primes aléatoires, la défiscalisation et la désocialisation d’heures supplémentaires, les rachats de RTT ou d’autres mesures qui, au final, n’impliquent que les salariés eux-mêmes.
Au mois de novembre dernier était organisée la première réunion nationale interprofessionnelle sur le partage de la valeur ajoutée. Le Gouvernement a clairement orienté le travail des partenaires sociaux vers les dispositifs de participation, d’intéressement, d’épargne salariale, d’actionnariat salarié et la prime de partage de la valeur ajoutée. Et quid des salaires ?
Madame la ministre, vous ne cessez de rappeler l’importance de la valeur du travail, souvent d’ailleurs pour stigmatiser ceux qui en sont privés. Nous avons parfaitement conscience qu’une augmentation générale des salaires ne se décide pas par la loi, mais relève du dialogue social, autrement dit d’échanges, d’écoute et de négociations.
Ce n’est pas par nostalgie que nous en appelons à un Grenelle sur les salaires. Madame la ministre, quand engagerez-vous enfin un vrai dialogue social sur la question des salaires en France ?