Monsieur le sénateur Chevrollier, je le redis : la France a l’un des systèmes les plus protecteurs pour le pouvoir d’achat des salariés les plus modestes.
Dans le contexte que nous connaissons, c’est très important. Le système a fait office ces derniers mois de véritable filet de sécurité.
Depuis le 1er janvier 2014, la revalorisation est assurée par l’indexation du Smic sur l’inflation mesurée pour les ménages du premier quintile de la distribution des niveaux de vie, au plus près de ce que vivent les salariés concernés.
Elle intègre également la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire horaire moyen des ouvriers et employés. Nous sommes ainsi l’un des cinq pays dont le salaire minimum est indexé sur l’inflation et le seul pays d’Europe à s’être doté d’un tel double système. Grâce à ce dernier, la France a pu maintenir un écart constant entre les salaires au cours des vingt-cinq dernières années.
Par ailleurs, le Smic est revalorisé en cours d’année dès lors que la hausse des prix dépasse les 2 %.
Nous avons bien écouté les propositions du groupe d’experts sur le Smic, qui consistent à rehausser le seuil de 2 % à 3 % ou à supprimer l’indexation sur le pouvoir d’achat des ouvriers et des employés.
Ces propositions visent à réduire les risques d’emballement de la boucle prix-salaires. Elles sont sérieuses et dignes d’intérêt : un emballement de l’inflation ne ferait que des perdants, en particulier parmi les plus modestes.
Si l’inflation, un temps circonscrite aux produits alimentaires et à l’énergie, gagne progressivement l’ensemble des biens et services, le risque d’emballement de la boucle prix-salaires n’est toutefois pas avéré à ce jour.
La Banque de France prévoit ainsi un apaisement de l’inflation dans le courant de l’année 2023, puis un retour à un taux de 2, 5 % en 2024.
Entre la protection des salariés les plus modestes et les risques d’inflation, nous devons faire des arbitrages. À ce stade et au vu des projections à moyen terme, la protection des salariés demeure prioritaire.
Aussi, je vous confirme que nous ne changerons rien aux modalités de revalorisation du Smic.