Intervention de Pierre-Antoine Levi

Réunion du 11 janvier 2023 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Avenir du service public postal

Photo de Pierre-Antoine LeviPierre-Antoine Levi :

Ma question s’adresse à M. le ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications.

Monsieur le ministre, comme ma collègue Marie-Claude Varaillas tout à l’heure et comme beaucoup de Françaises et de Français, je me demande où va le service public postal aujourd’hui. En effet, depuis le 1er janvier dernier, le timbre rouge, réservé aux envois de lettres prioritaires, n’est plus commercialisé.

La modernité, selon La Poste, serait la e-lettre rouge. Il faudra donc se connecter en ligne pour rédiger ou scanner une lettre, qui sera ensuite retranscrite, puis imprimée par un agent de La Poste avant d’être envoyée. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Où est la confidentialité des correspondances dans ce nouveau processus ?

Cette prétendue révolution pose surtout le problème de l’accès de tous au service public postal. L’égalité est pourtant l’un des grands principes au cœur de la notion de service public dans notre pays.

La réalité est que, en pratique, l’illectronisme touche près de 14 millions de nos concitoyens, surtout en milieu rural. Ces derniers pourront certes toujours se rendre dans un bureau de poste, si bien sûr il y en a un et qu’il n’est pas fermé, pour envoyer leur lettre prioritaire. Mais comment expliquer aux citoyens qu’il faille à présent utiliser un automate, une borne, pour faire envoyer leurs lettres après avoir scanné des documents ?

De plus, en pratique, les agents des bureaux de poste ne pourront pas toujours aider les usagers lorsque l’affluence est très importante. Ils seront donc laissés seuls devant l’automate.

Cette réforme donne l’impression que l’on ajoute de la complexité à quelque chose qui était fort simple.

Enfin, nous apprenons également que, à partir du mois de mars, le courrier ne serait plus distribué tous les jours, mais un jour sur deux, puis – pourquoi pas ? – un jour sur trois. Ce dispositif est expérimenté dans certains départements, mais il risque d’être généralisé à toute la France.

Le risque est grand que cette réforme ne désorganise le service postal et qu’elle n’aboutisse in fine à la suppression de nombreux emplois.

Ma question est simple, monsieur le ministre, et vous n’y avez pas répondu tout à l’heure : laisserez-vous le délitement de ce service public historique se poursuivre ? Il est urgent d’agir, avant que nous ne devenions tous timbrés !

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