Intervention de Nadia Sollogoub

Réunion du 11 janvier 2023 à 15h00
Crise du système de santé — Débat d'actualité

Photo de Nadia SollogoubNadia Sollogoub :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, notre système de santé traverse une crise grave, profonde, inédite et généralisée, dont les victimes sont tout autant les soignants que les patients. Chacun d’eux se sent lésé, oublié et désespéré.

Le problème dont il s’agit est d’ordre mathématique : il y a, d’un côté, une demande de soins et, de l’autre, une offre de soins. L’unité de mesure est le temps horaire. Il faut réussir, très vite, à remettre un signe « égal » entre les deux membres de cette équation.

Du côté de la demande de soins, il faut un travail de fond sur la prévention, d’une part, et la bonne orientation des patients, de l’autre. Il faut éviter que ce volume ne soit gonflé par tout ce qui est évitable, tout particulièrement par les actes redondants.

Les mesures de prévention relèvent du temps long ; l’efficacité du parcours de soins relève d’un temps plus court, mais elle est très perturbée par la pénurie généralisée de soignants, associée à une forme de panique des patients, qui leur fait rechercher n’importe quelle solution en cas de besoin.

Du côté de l’offre de soins, le volume est gravement insuffisant, toutes professions de santé confondues.

Madame la ministre, concernant l’offre de temps médical, il faut des mesures urgentes et parfois de simple bon sens, qui nous remontent du terrain, que vous connaissez déjà, mais que l’on n’arrive pas à rendre opérationnelles.

Par exemple, les dossiers de médecins étrangers, européens ou non, aux équivalences reconnues en France, doivent être traités en urgence par les services du Conseil national de l’ordre. Ils sont des milliers en souffrance ; certains de ces praticiens attendent parfois depuis des mois une date de réunion de commission et l’on nous sollicite tous les jours pour des dossiers de cette nature : c’est incroyable qu’on ne puisse pas faire mieux. Renforcez les services s’il le faut, madame la ministre.

Pour reprendre mon équation à multiples inconnues, je ne pense pas que le temps médical soit toujours optimisé. Nous disposons pourtant de plusieurs solutions : délégation de tâches de soin, télémédecine dans certains cas, ou encore allégement des tâches administratives. Il faut que les médecins puissent se concentrer sur leur principale plus-value, c’est-à-dire le diagnostic. Ils ne doivent plus perdre la moindre minute à effectuer des transports ou encore à remplir des papiers.

Le volume de temps médical offert dépend bien sûr du nombre de médecins. Si, pour de multiples raisons, les nouveaux praticiens produisent globalement deux fois moins de temps médical que ceux des générations précédentes, il faut théoriquement en former deux fois plus.

Même si l’on actionne les autres leviers, force est de constater qu’avec 12 000 médecins formés par an au lieu de 20 000 la situation ne fera qu’empirer.

Nos facultés et nos professeurs de médecine, même avec les cours en distanciel, ont-ils atteint un maximum capacitaire ? Chaque année, des professeurs de médecine démissionnent désormais de leur chaire faute de moyens pour mener leurs travaux : dès lors, on comprend qu’il faut redonner de l’attractivité à ces carrières essentielles.

Certains de nos étudiants partent aujourd’hui pour la Roumanie ou l’Espagne afin de former.

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