Intervention de Agnès Firmin Le Bodo

Réunion du 11 janvier 2023 à 15h00
Crise du système de santé — Débat d'actualité

Agnès Firmin Le Bodo :

Madame la sénatrice, avec la mise en place du numerus apertus en 2019, nous avons beaucoup augmenté notre capacité à former des médecins. Ce sont ainsi près de 52 000 étudiants en médecine qui seront formés entre 2021 et 2025 par toutes les facultés du pays, soit 10 300 par an en moyenne. Toutefois, compte tenu de la longueur des études de médecine, les effets de la fin du numerus clausus ne seront pas perceptibles avant 2030 : nous avons encore huit années difficiles devant nous.

Il nous faut donc travailler autrement.

Vous évoquez la délégation de tâches : c’est clairement une solution que nous devons approfondir.

Je le répète, nous souhaitons que le médecin reste la pierre angulaire et le chef d’orchestre de notre système de santé. Contrairement aux caricatures que l’on rencontre parfois, il ne s’agit pas de le remplacer par des acteurs moins qualifiés.

Au contraire, nous voulons que chaque professionnel de santé puisse se concentrer sur les missions pour lesquelles il a été formé, donc lui permettre d’exercer son métier. Certaines tâches, un peu répétitives ou plus simples, peuvent ainsi être déléguées à des professionnels paramédicaux. La délégation d’actes doit être simplifiée, généralisée, et s’inscrire dans une logique d’exercice coordonné ou de réseau pour inciter chacun à coopérer.

Pour ce qui concerne les praticiens diplômés hors Union européenne (Padhue), nous avons retenu, dans le cadre du dernier PLFSS, la date du 30 avril 2023 pour assurer la gestion du stock de demandes. Cet objectif sera tenu. Pas plus tard que tout à l’heure, nous avons évoqué cette question lors d’une réunion avec l’ordre des médecins ; ce dernier s’engage à nous accompagner, avec le centre national de gestion (CNG), pour tenir ce cap. De même, il s’engage à travailler, dans le cadre du projet de loi relatif à l’immigration, à la gestion du flux de demandes.

J’en viens à « Mon espace santé ». À ce titre, 65 millions de Français ont aujourd’hui un espace ouvert et moins de 2 % de nos concitoyens se sont opposés à sa création. Plus de 5 millions de documents y sont versés chaque mois. C’est un outil au service de la coopération entre les professionnels de santé. De plus, grâce à lui, les Français peuvent s’approprier pleinement leur dossier médical.

Vous avez raison : renouer avec tous les professionnels qui n’exercent plus, afin de les faire revenir, est aussi un moyen de répondre plus rapidement au manque d’effectifs criant que nous constatons. Je le répète, nous ne manquons pas tant de moyens que de professionnels.

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