Nous disposons d'un historique de la biodiversité, fourni par les sciences de la Terre, et notamment par la paléontologie qui permet d'étudier les systèmes anciens grâce aux traces fossiles et à la géochimie. Cet historique montre que la biodiversité ne s'inscrit pas toujours dans des équilibres stables au cours du temps. Cette stabilité a notamment été perturbée par des évènements cosmiques, comme la chute d'astéroïdes, ou par des évènements volcaniques extraordinairement intenses qui ont répandu des laves sur des surfaces aussi grandes que des pays. Au cours des temps, le vivant a connu des crises d'extinction, épisodes les plus exceptionnels de variation d'équilibre de la biodiversité.
Nous nous trouvons aujourd'hui dans la sixième grande crise d'extinction. Les épisodes précédents étaient exceptionnels, mais ils se déroulaient sur des durées de plusieurs millions d'années. L'espèce humaine n'y était pas présente. Actuellement, le taux d'extinction effectif est environ mille fois plus important que le taux résiduel qui ne tient pas compte de l'activité humaine. En outre, les extinctions se déroulent plusieurs milliers de fois plus rapidement que lors des crises d'extinction historiques, telles que celles de l'Ordovicien ou de la fin du Crétacé. Les extinctions actuelles surviennent avec une rapidité extrême.
Récemment, j'ai présenté cette situation à 200 collégiens et lycéens de Provins. Hier j'ai rencontré les chefs de rédaction de France télévision, qui suivent actuellement des séances de formation sur la crise de la biodiversité. J'ai constaté que la situation peut apparaitre anxiogène. Elle nous invite notamment à interroger la capacité de nos sociétés à exister et à se transformer. Elle renvoie aussi à la complexité de systèmes difficiles à expliquer.
De mon point de vue, il existe un certain nombre d'éléments fondamentaux à présenter pour que chacun puisse s'approprier les constats et les causes de la crise environnementale. Mais il importe aussi de présenter des solutions heureuses. Par exemple, nous pouvons montrer que la reforestation peut constituer un levier de régulation climatique, à condition d'être durable et de s'opérer malgré le réchauffement climatique, tout en permettant la continuation d'un certain nombre d'activités humaines. Ce message de solutions heureuses est parfois difficile à délivrer, car il doit tenir compte de l'analyse historique, de l'évaluation des processus en cours et de leurs causes, tout en mettant en avant la nécessité urgente d'agir.