Intervention de Philippe Grandcolas

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 10 novembre 2022 à 9h45
Audition publique sur les conséquences du réchauffement climatique sur la biodiversité

Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique de l'Institut Eìcologie et environnement (INEE) du CNRS :

Pour répondre à votre première question, nous avons effectivement besoin de connaitre une tendance sur le temps long. Nous devons pouvoir ensuite réduire notre échelle de réflexion à des temporalités plus courtes, pour être en mesure de réagir, sans négliger les conséquences à long terme. Pour cela, nous devons nous référer au temps des sciences du climat, ou encore au référentiel du temps humain qui est de l'ordre du millier ou du million d'années. Ensuite, en combinant les modèles d'évolution de la biodiversité avec les prévisions des climatologues, nous pouvons nous projeter sur le moyen terme ou sur le long terme.

Nous arrivons à nous projeter sur l'existence d'un système dans sa globalité, en nous interrogeant sur le devenir d'un couvert forestier, d'un marécage, ou encore d'un trait de côte. Nous parvenons à appréhender un certain nombre de services rendus par ces systèmes complexes, notamment lorsqu'ils s'avèrent importants. Ces services peuvent notamment être le support d'une activité économique fondamentale. Ils peuvent aussi être associés à des problématiques de santé importantes.

Néanmoins, d'autres aspects de ces systèmes sont moins visibles et moins étudiés. Les décisions politiques, tout comme les choix d'études scientifiques, tendent à privilégier une vision relativement globale et des prévisions assez claires. Malheureusement, des connaissances sur les services rendus par la biodiversité peuvent nous échapper. Ils ne sont pas toujours étudiés lorsqu'ils ne représentent pas des éléments principaux d'écosystèmes. Certains de ces éléments peuvent fluctuer, à cause de l'instabilité dans laquelle nous nous trouvons.

Je pense qu'il nous faut raison garder et jumeler les prévisions climatiques avec celles qui concernent la biodiversité, puis aller de l'avant, tout en essayant de conserver une vision systémique et globale qui ne se focalise pas sur un seul organisme. Cette démarche peut s'avérer relativement anxiogène, car elle nous donne le sentiment de ne pas posséder les clés du futur et de ne pas être en mesure de préserver une situation qui nous semble stable depuis un certain nombre d'années.

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