Nous avons environ quinze ans pour agir sur la halte migratoire de Moëze. Pour le moment, les cortèges d'oiseaux ont délaissé les zones où la mer pénètre et se cantonnent sur la partie la plus terrestre de la RNN. Si une acquisition pouvait être réalisée auprès des agriculteurs, une activité agricole pourrait être maintenue durant huit à dix ans, avant l'amorce d'un projet de renaturation.
Par ailleurs, nous constatons que le changement climatique modifie les migrations. Les oiseaux quittent l'Europe de plus en plus tard et y reviennent de plus en plus tôt. Or, dans ce schéma, les oiseaux rentrent avec moins d'énergie.
Les oiseaux migrateurs insectivores doivent chercher des zones de chaleur pour s'alimenter et suivre les zones d'abondance d'insectes. Les moustiques, par exemple, sont maintenant abondants en France jusqu'en octobre. Ainsi, cette année, les martinets sont restés dans notre pays jusqu'au 23 ou 24 octobre. Il s'agit d'une première, car ces oiseaux auraient dû partir en juillet.
Comme le printemps arrive de plus en plus tôt et que les températures se réchauffent aussi en Afrique, les oiseaux remontent plus tôt. Ils ont alors eu moins de temps pour s'engraisser avant de démarrer la saison de reproduction, particulièrement exigeante après un voyage très fastidieux.
Ces modifications peuvent menacer certaines espèces. D'autres espèces, opportunistes, ne migrent plus. La cigogne, par exemple, franchit maintenant très peu le détroit de Gibraltar et demeure en Espagne ou au Portugal, avant de revenir en France dès le mois de janvier.
Les perruches à collier franciliennes se sont notamment installées dans les jardins du domaine de Sceaux. Ces perruches se trouvent aussi au Royaume-Uni. Elles ont été initialement relâchées et s'adaptent très bien à leurs nouveaux milieux. Leurs populations sont abondantes en Île-de-France et elles n'entrent que marginalement en concurrence avec d'autres espèces. Aucun programme de limitation ne les concerne. L'espèce ne pose pas de problème pour l'instant.
En revanche, l'érismature rousse entre en compétition directe avec l'érismature à tête blanche, une espèce européenne en grand danger d'extinction. Les services de l'État - prioritairement l'OFB - éliminent les populations de ce canard. De même, les écureuils des animaleries qui ont été relâchés dans la nature entrent en concurrence avec les écureuils roux. Le MNHN réalise un suivi de ces interactions. Si elles s'avéraient négatives, des actions d'élimination pourraient être envisagées.
Une très belle forêt ancienne a été touchée dans les incendies de Gironde. Des inventaires existent. Les données des naturalistes sont rassemblées pour apprécier les effets des incendies. Pour autant, la végétation est très vite repartie.
Malheureusement, les incendies se succèdent à l'échelle mondiale. Ces évènements donnent lieu à de nombreuses publications. Des incendies se sont notamment produits aux États-Unis, ou encore dans le parc national de La Réunion, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. La forêt du massif du Maïdo, situé sur cette île, a brûlé à plusieurs reprises. Nous pouvons observer la manière dont la végétation reprend ses droits dans cette forêt, car nous ne pouvons pas y réaliser de plantation. Le massif des Maures, dans le Var, a également brûlé, impactant fortement les populations de tortues d'Hermann.
La Gironde bénéficie donc de ces expériences pour réagir. Il faudra tenter de prévenir une nouvelle catastrophe, malgré l'augmentation des facteurs de risque. Les dispositifs de défense des forêts contre les incendies (DFCI) pourraient être renforcés. De surcroit, des choix seront certainement à opérer pour les essences à replanter. L'avenir de la forêt risque de générer des débats. Dans cette perspective, des assises de la forêt ont donné lieu à de réels temps d'échanges. Ces assises posent des jalons pour la suite. De nombreuses solutions y ont été proposées.