Madame la Première ministre, vous qualifiez votre projet de réforme des retraites de « juste », « solidaire » et « pérenne ». Telle n’est pourtant pas la réalité. Pourquoi ?
Votre projet est injuste, puisque vous portez la durée de cotisation à quarante-trois annuités et l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Ce sont principalement les ouvriers, les employés et les femmes qui seront pénalisés.
Votre projet est injuste, puisque les salariés les mieux rémunérés vont davantage capitaliser pour leur retraite tandis que la grande majorité des travailleurs ne pourront pas bénéficier du minimum de pension à 1 200 euros brut.
Votre projet est injuste, car vous allez appauvrir les seniors, qui seront plus longtemps au chômage et que vous avez précarisés à l’extrême.
Votre projet ne sera pas pérenne, car vous ne changez pas le logiciel du financement.
D’autres solutions existent pourtant : il suffirait, et ce n’est qu’un exemple, de taxer de 2 % la fortune des milliardaires.
Vous avez versé 160 milliards d’euros aux entreprises, sans contrepartie, pendant la crise du covid-19. Ce « quoi qu’il en coûte » ne peut-il être décidé pour garantir une réelle retraite, en bonne santé, une retraite sereine ? Il nous faut faire un choix de société, entre un monde de juste répartition des richesses, dans l’intérêt général, et un CAC 40 gorgé de dividendes.
Madame la Première ministre, vous avez choisi, alors qu’il n’y a pas d’urgence extrême, d’avoir recours à un projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificative pour restreindre les débats parlementaires à vingt jours à l’Assemblée nationale et à quinze jours au Sénat. Vous avez dégainé un « super 49.3 » ! Des voix s’élèvent pour souligner l’inconstitutionnalité de votre démarche.
Madame la Première ministre, c’est parce que cette réforme voulue par Emmanuel Macron est injuste et parce qu’elle frappe les plus faibles qu’elle est rejetée très massivement. Avec l’ensemble des syndicats, la société tout entière est vent debout contre votre projet. Seuls le Medef et M. Ciotti vous soutiennent encore.
Madame la Première ministre, nous relayons ici le vaste mouvement qui s’enclenche. Dès demain, le 19 janvier, nous serons dans la rue, avec le peuple, qui exige le retrait de votre projet !