Monsieur le sénateur Le Rudulier, je peux être d’accord avec une partie de votre intervention. M. le ministre de la justice présentera dans quelques semaines, sous l’autorité de la Première ministre, un projet de loi qui répondra, me semble-t-il, aux questions que vous avez évoquées sur la chaîne pénale ou sur l’action de nos tribunaux.
Permettez-moi de revenir plus concrètement sur l’action du ministère de l’intérieur, notamment dans votre département.
Vous avez raison : depuis une génération, on observe une banalisation de la drogue. Les trafiquants, quels qu’ils soient – vous avez évoqué les mineurs, mais il ne s’agit pas uniquement de mineurs, comme vous le savez bien –, qui se nourrissent du trafic de drogue ont multiplié les points de deal en quête d’argent sale, de l’argent facile qui vient de la drogue, mettant en coupe réglée un certain nombre de quartiers.
Je ne peux cependant pas vous laisser dire que l’État baisse les bras, que son autorité n’est pas au rendez-vous ou que cette guerre n’est pas menée.
Je voudrais vous en donner pour exemple des chiffres très concrets, tirés de votre département ; je sais que vous les connaissez, comme vous êtes en lien avec la préfète de police des Bouches-du-Rhône. Le nombre de trafiquants arrêtés a augmenté de 90 % en un an. Le volume des saisies de cannabis dans votre département a doublé, de 2, 8 tonnes à 5, 7 tonnes. En outre, 300 policiers et gendarmes supplémentaires ont été affectés dans la ville de Marseille en un an et demi. Enfin, de 222 points de deal, ce qui est considérable, on est passé à 180, soit 42 points de deal en moins.
Toutefois, le fait qu’il demeure 180 points atteste qu’il reste encore énormément de trafic, y compris dans le quartier que vous avez évoqué. À ce propos, si la mobilisation des habitants a été forte pendant toute une semaine, celle de la police et de la gendarmerie l’est tout autant : désormais, une section de CRS est présente en continu dans ce quartier, 10 interpellations ont eu lieu et ce point de deal ne s’est pas installé dans ce quartier. Je voudrais d’ailleurs saluer votre engagement sur ce sujet, ainsi que celui de la députée Sabrina Agresti-Roubache.
Ce qui manque aussi à Marseille, comme vous le savez bien, ce sont des caméras de vidéoprotection. Vous avez cité des villes peu équipées en la matière. Nous assurons désormais 80 % du financement de ces caméras dans la cité phocéenne, dont le maire s’est engagé dans cette voie. J’espère que, tous ensemble, nous le convaincrons d’aller encore plus loin, parce que cinquante caméras par an, ce n’est pas encore assez.