Ma question s’adresse à Mme la ministre de l’Europe et des affaires étrangères. Elle fait suite à mon cinquième déplacement au Liban.
En arrivant à Beyrouth, l’odeur du fioul qui alimente les générateurs vous prend à la gorge. L’absence d’électricité m’a rappelé mon arrivée en Ukraine.
En trois ans, la livre libanaise a perdu 90 % de sa valeur. L’inflation, sur un an, s’élève à 162 %. La crise bancaire a ruiné les Libanais.
Le Liban connaît une aggravation de sa situation économique et sociale, qui a entraîné un exode massif, sans précédent, de la population active.
Le blocage politique orchestré par le Hezbollah, qui a privé le Liban d’un président pendant plus de deux ans, se reproduit depuis le mois d’octobre.
J’ai rencontré de nombreuses associations et des personnalités politiques de toutes tendances.
J’ai pu apprécier le travail des équipes diplomatiques françaises, conduites par notre remarquable ambassadrice Anne Grillo, dans les domaines de la santé, de l’enseignement, des infrastructures ou encore de l’action sociale.
Tous mes interlocuteurs louent l’action menée par la France pour aider les Libanais. Je vous le dis, madame la ministre, cette reconnaissance m’a procuré un grand sentiment de fierté pour la France et pour notre action collective.
Ils décrient une élite qui entrave les enquêtes sur les dizaines de millions de dollars qui auraient été détournés des fonds de la banque centrale, puis blanchis en Europe, mais aussi celle qui est menée sur l’explosion du port de Beyrouth, qui a tué plus de 220 personnes, dont trois de nos compatriotes, et causé plus de 5 000 blessés et 80 000 déplacés.
Mes interlocuteurs m’ont demandé de relayer auprès de vous, madame la ministre, leur appel à tout faire pour que justice soit rendue. « Un crime impuni est un crime récompensé », m’a lancé un député.
Des juges européens viennent d’arriver à Beyrouth, dont un juge français. Quels progrès pouvons-nous attendre de leur déplacement au Liban ?