C'est nous qui vous remercions pour votre témoignage et votre action.
Nous devions entrer en communication avec Maurine Mercier mais les récents bombardements à Kiev ne nous permettent pas de la joindre. Nous allons tout de même diffuser son reportage, qui lui a valu cette année le prix Bayeux des correspondants de guerre dans la catégorie radio. Elle m'a demandé de vous lire un mail, très émouvant.
Elle dit : « Il me tient à coeur d'ajouter que si les femmes ukrainiennes ont été et sont victimes de viol, les horreurs dont j'ai été le témoin six ans durant en Afrique du Nord sont infiniment plus alarmantes encore. Là-bas, il est plus difficile de trouver une femme migrante qui n'aurait pas été violée que l'inverse. Le viol est systématique. Les femmes sont vendues pour la prostitution forcée, torturées et tabassées. Les milices ne les laissent sortir que lorsqu'elles ont été trop violées, usées, souvent enceintes de plusieurs mois. Ils s'en débarrassent lorsque de nouvelles migrantes arrivent : de la chair fraîche. Souvent, elles tombent enceintes de leur violeur. Elles sont parfois violées durant leur parcours, qui les mène en Libye, et sur place, c'est systématique. J'ai passé six ans à recueillir ces témoignages édifiants, des tortures sexuelles tellement effroyables que je ne peux les écrire ici. L'empathie est nécessaire pour les Ukrainiennes, et évidente, mais l'empathie et surtout l'action pour stopper la violence sur les femmes migrantes en Libye est une nécessité absolue. D'autant que nous, Européens, portons une responsabilité sur leur sort via le financement des garde-côtes libyens, qui ramènent ces femmes sur le sol libyen, pays en guerre. »
Je tenais à vous faire part de ce témoignage, qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer.