Merci beaucoup. Je voudrais vous dire combien ces témoignages sont bouleversants. Je me suis spécialisée sur ces questions au sein de l'assemblée parlementaire de l'Otan. Je la préside depuis deux jours. J'ai également présidé une commission sur la dimension civile de la sécurité. Nous avons toujours travaillé sur cette question des femmes, de la sécurité, de l'application de la résolution 1325, en organisant de nombreux colloques et conférences, dans plusieurs pays. La grande question est la suivante : « comment faire ? ».
Merci pour vos actions, dont il est très important de parler. Vous aviez raison lorsque vous disiez que le sujet n'était pas suffisamment connu. Personne n'en parle, parce qu'on ne veut souvent pas le voir. C'est régulièrement le dernier aspect que l'on aborde lorsque l'on parle de guerre, de conflit. Dans ce contexte, que faire ? La dimension « femmes et sécurité » est incluse dans nos travaux, au sein de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat sur le développement. C'est très important. Longtemps, les femmes ont été occultées. Durant des années, j'ai réclamé que l'on puisse flécher des financements spécifiquement pour les femmes en matière d'aide publique au développement. C'est maintenant chose faite, mais nous devons aller plus loin.
Ce week-end, lors de notre session parlementaire de l'Otan, je me trouvais avec des députés ukrainiens et ukrainiennes. J'ai également rencontré il y a dix jours, avec la présidente du groupe d'amitié France-Ukraine, la prix Nobel de la paix, Oleksandra Matviichuk. Elle réalise un travail extraordinaire. Elle nous parlait de ses actions sur le terrain. J'ai essayé de la joindre, car j'aurais aimé qu'elle nous apporte son témoignage, mais les communications semblent être coupées avec l'Ukraine. Elle nous parlait de ses énormes difficultés, même à titre personnel. Il est en effet très dur de voir ce qu'elle voit chaque jour, de recueillir ces témoignages. Elle tient à le faire pour obtenir extrêmement rapidement la création d'un tribunal international pour juger au plus vite ces crimes de guerre. Pour cela, il est nécessaire d'obtenir un maximum de témoignages. C'est là toute la difficulté. Nous le réclamons, et l'avons encore réclamé lors de cette session de l'assemblée parlementaire de l'Otan. Lors de mon discours d'acceptation du poste de présidente, j'ai insisté sur le fait que nous devons reconnaître que les Russes adoptent actuellement des méthodes terroristes. Violer les femmes, les assassiner, c'est une barbarie que nous ne pouvons pas accepter. Les dirigeants doivent être jugés, au plus vite. La justice prend énormément de temps, et nous ne pouvons pas attendre.
Je me focalise sur l'Ukraine, mais d'autres terrains sont évidemment extrêmement importants. Oleksandra nous disait que dans le pays, le problème relève de l'impunité. Les soldats russes violeurs sont convaincus qu'ils n'iront jamais devant un tribunal. Lorsque les femmes essaient de leur en parler, ils font preuve d'un déni total, d'où l'importance d'agir très vite. C'est fondamental.
Oleksandra Matviichuk nous demandait également d'obtenir plus de gendarmes pour recueillir les témoignages. Elle désire aussi et surtout qu'ils restent plus longtemps pour rassurer les populations. Les femmes ont peur. Elles n'ont plus confiance en quiconque aujourd'hui.
Merci pour votre travail exceptionnel et votre courage. Ici, nous avons tous envie de vous aider. Nous voulons aller plus loin. J'en profite pour remercier notre Présidente, Annick Billon, pour l'excellente idée qu'elle a eue d'organiser cette conférence.