D'abord, bien sûr, nous n'avons pas assez d'argent, mais surtout, à qui va-t-il ? Je pense que nous devons ouvrir les financements à des petites structures et à des projets innovants. Nous rencontrons nous-mêmes ce problème. Nous sommes une structure trop petite et innovante. Les démarches doivent être facilitées. Il est très fastidieux d'aller chercher de l'argent. Un véritable problème se pose.
Ensuite, je disais que la situation est fortement liée à l'État de droit et à une meilleure manière de prévenir les conflits. Tout conflit amène en effet des violences sexuelles, partout. Comment mieux travailler sur leur prévention ? Si nous ne le faisons pas, nous ne pourrons que rester dans le même schéma, dans lequel nous réparons, comme nous le pouvons, ce qui a été commis.
Concernant les femmes migrantes, nous identifions aussi une question de vulnérabilité. Par ailleurs, nous observons un manque de formation et de compréhension. Par exemple, beaucoup de requérantes ont du mal à parler du viol, ou ont subi des traumatismes et ont eu une dissociation. Souvent, les juges ne le comprennent pas. Récemment, j'ai rencontré une Irakienne qui riait. Il s'agissait d'un mécanisme de dissociation lié au traumatisme. Les juges ne l'ont pas compris et ont considéré que son témoignage n'était pas crédible. Un travail considérable doit être mené à ce sujet. We are NOT Weapons of War aimerait devenir une organisation de référence, vers laquelle les femmes migrantes, qui restent effectivement minoritaires à l'arrivée, pourraient se tourner pour réaliser des entretiens. Nous pourrions établir des documents soutenant le fait qu'elles ont été violées.
La culture de la violence au sein des forces militaires russes est en effet réelle. Oleksandra m'a parlé de la fuite de ces témoignages et de la difficulté de suivre les femmes ukrainiennes qui partent. Des actions et dispositifs doivent être mis en place. Nous devons permettre à ces gens de donner leur témoignage, leur dire que nous sommes là, les suivre. Combien de personnes arrivent sur le territoire français, ont subi des violences sexuelles terribles lors de la route de l'exil, et ne sont pas prises en charge, parce que nous ne le savons même pas ? Un réel travail est nécessaire dans ce domaine. Ainsi, il y a beaucoup à faire. N'hésitez pas à nous solliciter. J'ai moi-même mille idées mais n'ai pas les moyens de les mettre en place.
Merci d'avoir évoqué la question kurde.
Enfin, on parle des femmes actrices. Comment aider les personnes à l'intérieur ? Nous travaillons avec des points focaux intérieurs, sur le terrain. Comment leur donner les capacités d'avancer et de changer leur pays ? Vous avez évoqué l'ouvrage de Denis Mukwege mais je peux également citer le film de Thierry Michel, L'empire du silence, sur la République démocratique du Congo. J'encourage tout le monde à le visionner. Il est incroyable. Les femmes congolaises montent aujourd'hui au créneau. Nous devons aider ces réseaux. Oleksandra fait ce travail en Ukraine, mais elle ne dispose pas de toutes les compétences nécessaires. C'est ce que nous devons appuyer.