Je souhaite la bienvenue aux quatre participants de cette dernière séquence. Catherine Bourdès est commissaire générale, haute fonctionnaire à l'égalité des droits au ministère des armées. Le Commandant Claire est officier de l'Armée de l'air et de l'espace. Je rappelle qu'en application des dispositions en vigueur au ministère des armées, je ne citerai pas votre patronyme et vous appellerai donc par votre grade suivi de votre prénom. Anna Kvit, sociologue ukrainienne, est membre du projet Invisible Battalion qui documente la participation des femmes ukrainiennes aux actions militaires depuis 2015. Enfin, son excellence l'Ambassadeur de France en Ukraine Etienne de Poncins nous fait l'honneur d'être connecté en visioconférence.
L'objet de cette troisième et dernière séquence est de se pencher sur la place des femmes dans les conflits armés contemporains, celles qui sont notamment engagées dans les unités opérationnelles de combat. Historiquement, si les femmes ont toujours joué leur part dans la défense de leur pays - on pense notamment à la Résistance - elles sont traditionnellement peu présentes dans les corps armés. Cependant, cette situation évolue de manière significative, en France notamment.
La professionnalisation des armées en France, en 1996, a donné une impulsion décisive à l'arrivée massive de femmes au sein des forces françaises. Notre armée est aujourd'hui l'une des plus féminisées au monde, avec 15 % de femmes parmi ses militaires et environ 10 % parmi ses officiers. Aujourd'hui, toutes les fonctions au sein des armées sont accessibles aux femmes. Le dernier verrou, celui de l'accès aux sous-marins, a sauté en 2014. Je suis auditeur à l'IHEDN et nous avons évoqué ce sujet à Brest la semaine dernière.
Pour autant, les femmes ne sont pas présentes au même niveau dans toutes les composantes, dans chacune des armées, services et fonctions associés. L'Armée de l'air est aujourd'hui la plus féminisée avec près d'un quart de femmes. De la même façon, la répartition des femmes au sein des diverses catégories affiche des disparités importantes. En 2018, seules 10,4 % des femmes militaires étaient officiers, 41,5 % sous-officiers et les 47,7 % restants étaient des militaires du rang. Enfin, les femmes étaient souvent sous-représentées dans les fonctions opérationnelles et combattantes.
En 2013, Françoise Gaudin, alors haute fonctionnaire à l'égalité au ministère de la défense, évoquait devant notre délégation plusieurs axes de progression dans la féminisation de l'armée française :
- renforcement de l'encadrement féminin dans les écoles militaires ;
- constitution d'un vivier de recrutement de femmes investies de hautes responsabilités ;
- mise en oeuvre d'une réflexion sur l'accès des femmes aux formations militaires (École de guerre et diplôme d'État-major) indispensables pour parvenir aux cursus de haut niveau ;
- mise en place d'un Observatoire de la parité à la défense.
Le 18 septembre 2018, Florence Parly, alors ministre des armées, avait également affirmé devant le réseau Avec les femmes de la Défense : « Je veux que le féminin de général ne soit plus femme de général et je souhaite que chacun ait sa place et puisse donner l'exemple. Je souhaite également atteindre le niveau de 10 % d'officiers généraux féminins d'ici 2022 »».
Madame la Commissaire générale et haute fonctionnaire à l'égalité des droits au ministère des armées, Catherine Bourdès, vous nous direz où nous en sommes aujourd'hui sur ces différents sujets.
Commandant Claire, vous êtes officier de l'Armée de l'air et de l'espace. Vous avez effectué des opérations extérieures, notamment sur la base aérienne de Niamey au profit de l'opération Barkhane. Vous pourrez nous faire part des raisons qui ont motivé votre choix de vous engager au sein de l'Armée de l'air et de l'espace et éventuellement des contraintes de cet engagement, peut-être celles que vous ressentez plus en tant que femme qu'en tant qu'officier, si tel est le cas bien entendu. Vous occupez aujourd'hui un poste de commandement. Considérez-vous que les étapes à franchir pour y parvenir ont été plus difficiles pour vous que pour vos collègues masculins ?
Enfin, sur le plan international, on a beaucoup parlé de l'engagement des femmes kurdes contre Daech en Syrie et en Irak, mais aussi de celui des femmes ukrainiennes dans les unités de combat de l'armée ukrainienne ou dans des fonctions de soutien de l'armée (déminage, conduite de véhicules militaires, soutien logistique...). Notre conférence ce matin est aussi l'occasion de les mettre à l'honneur. Anna Kvit nous éclairera notamment sur le rôle de ces femmes qui constituent près de 20 % des forces de combat ukrainiennes. Elle nous livrera également une analyse de cette évolution de la place des femmes dans l'armée ukrainienne qui, en réalité, est à l'oeuvre depuis le début du conflit dans l'est de l'Ukraine en 2014.
Pour clore cette séquence, notre ambassadeur de France en Ukraine pourra dresser un état des lieux de l'engagement des femmes ukrainiennes sur le terrain dans le cadre du conflit armé entre la Russie et l'Ukraine, dans sa dimension opérationnelle.
Je laisse sans plus tarder la parole à Mme la commissaire générale Catherine Bourdès, haute fonctionnaire à l'égalité des droits au ministère des armées.