Merci pour ces questions et commentaires.
Madame Poncet Monge, les données de l'enquête nationale périnatale ne sont pas extrêmement précises. Nous ne savons pas si les femmes qui se retrouvent en recherche d'emploi étaient en CDI, ayant été rompu à l'initiative de l'une ou l'autre partie, en intérim, en CDD non renouvelé... Les informations restent parcellaires. La protection contre le licenciement est par ailleurs limitée par la loi aux congés prénataux et postnataux. Cela ne signifie pas que les femmes ne pourront pas contester un licenciement intervenant plus tôt. En outre, il y a toujours un décalage entre ce que prévoit le droit et ce qui se passe en pratique. Les licenciements existent, qu'il s'agisse d'une rupture du contrat ouvertement abusive - une alternante renvoyée au motif qu'enceinte, elle n'a rien à faire ici - ou d'un renvoi avant la fin de la période de l'essai, interprété comme en lien avec la grossesse, bien que cela n'ait pas été explicité. La situation des femmes salariées enceintes peut être assez floue ou assez éloignée de ce que prévoient les textes.
Votre point concernant les professions libérales et indépendantes est effectivement très important. Je l'ai moins étudié, pour ma part. Nous avons ici aussi un problème de données puisque nous manquons d'études réalisées spécifiquement sur les professions libérales et les indépendantes. L'enquête nationale périnatale permet tout de même de constater que les indépendantes ont globalement des conditions d'emploi meilleures, mais des conditions de santé moins bonnes. Cela renvoie aux difficultés de remplacement et d'organisation, par exemple. Ces difficultés concernent également d'autres professions, telles que les intermittentes du spectacle.
La pénibilité des transports est un enjeu majeur. En Ile-de-France, où j'ai réalisé mon étude, la question est centrale. Je suis convaincue de la nécessité d'intégrer le temps et les conditions de transports à la réflexion sur les conditions de travail. Là encore, se jouent toutes sortes d'inégalités : habite-t-on en centre-ville ou dans des banlieues éloignées, ou en zone rurale périurbaine ? Notre emploi permet-il de télétravailler ? Peut-on négocier une partie de télétravail avec notre employeur ?
Enfin, sur les femmes nées à l'étranger, nous manquons encore une fois de données précises. Certaines enquêtes montrent toutefois que les femmes immigrant en France sont, à l'heure actuelle, plus diplômées que la moyenne des femmes nées en France. Elles sont en revanche confrontées à des discriminations très fortes sur le marché du travail. Ce constat peut éventuellement être combiné avec des modèles familiaux. Il mène en tout cas à un taux d'emploi plus faible et à un déclassement de ces femmes, quand bien même elles auraient été diplômées, voire très diplômées, dans leur pays d'origine.