Intervention de Claude Malhuret

Réunion du 25 janvier 2023 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Guerre en ukraine

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

Ma question s’adresse à Mme la Première ministre.

Chaque jour en Ukraine, des femmes et des enfants meurent dans les décombres de leurs immeubles pulvérisés. Chaque jour, des soldats tombent, parce que manquent les armes pour résister à Wagner et à ses vagues d’assaut de traîne-misère envoyés au massacre.

À Ramstein, il y a quelques jours, les Européens échouaient à s’accorder sur la livraison de chars lourds. Cette immense déception a cédé la place aujourd’hui même à un immense soulagement : les Allemands, pressés par l’Europe de l’Est et du Nord, ont donné leur accord à la livraison de Leopard 2.

La France est désormais mise devant ses responsabilités. Après l’Angleterre, la Pologne, les pays Baltes et, maintenant, l’Allemagne, va-t-elle fournir les armements capables de changer l’issue de la guerre, à savoir des chars et une défense sol-air efficace ?

Le Président de la République expliquait que ces armements ne devaient pas être « escalatoires ». La décision allemande dissipe cet argument peu pertinent. On ne peut dire aux Ukrainiens qu’on les soutiendra jusqu’à la victoire finale et, en même temps, que l’on ne veut pas d’escalade : par définition, la victoire nécessite une escalade !

Depuis un an, nous laissons à Poutine le monopole de l’escalade. C’est lui qui fixe les lignes rouges et nous qui craignons de les franchir, alors que, à chaque franchissement, ses menaces ne sont suivies d’aucun effet, la Russie étant déjà au maximum de ses capacités.

Quant au chantage à l’arme atomique, il est balayé depuis que, à Samarcande, Xi et Modi ont interdit à un Poutine pétrifié de s’en servir. Il ne peut plus être l’excuse de nos indécisions.

Au bout d’un an de guerre, nous savons que, si le coût du soutien à l’Ukraine est élevé, celui-ci de ne pas chasser la Russie le serait bien plus. Le but de Poutine est non pas la seule destruction de l’Ukraine, mais la fin de l’ordre européen démocratique. Il s’agit d’aider l’Ukraine non plus à se défendre, mais à gagner.

Madame la Première ministre, au-delà des efforts déjà accomplis, le gouvernement français compte-t-il se joindre à nos alliés et livrer l’armement lourd indispensable ? Quand compte-t-il le faire ? Chaque jour de retard est un jour de deuil en Ukraine.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion