Ma question s’adresse à M. le ministre du travail, du plein emploi et de l’insertion.
Monsieur le ministre, le Gouvernement vient de présenter sa réforme des retraites. Or le moins que l’on puisse dire, c’est que les femmes pourraient être les grandes perdantes des mesures à venir. L’étude d’impact le démontre clairement : elles devront travailler en moyenne sept mois de plus, alors que les hommes ne seront astreints qu’à cinq mois supplémentaires.
En outre, de nombreuses femmes pouvaient partir dès 62 ans à taux plein grâce aux trimestres acquis lors de la naissance de leurs enfants. Avec votre réforme, elles devront travailler deux ans de plus pour atteindre le nouvel âge légal de 64 ans et perdront le bénéfice de cette bonification.
Vous aurez beau jeu de souligner que, en travaillant plus longtemps, elles bénéficieront d’une retraite revalorisée. Vous ne manquerez pas de rappeler également qu’elles seront les premières bénéficiaires de la hausse du minimum de pension. Mais de quelle retraite parlons-nous ?
Vous ne l’ignorez pas, la retraite des femmes est de 40 % inférieure à celle des hommes, parce qu’elles sont les premières victimes des inégalités salariales. Vous ne l’ignorez pas non plus, elles ont fréquemment des carrières interrompues par des maternités, qui réduisent la durée de cotisation et font qu’elles sont plus touchées par la décote.
Dans ces conditions, il est indispensable de compenser l’effort supplémentaire demandé aux femmes, de mieux prendre en compte leur maternité, car une réforme des retraites par répartition ne peut se désintéresser de la politique familiale, et d’avancer l’âge de la suppression de la décote.
À ce stade du projet de loi et avant les discussions parlementaires, ces mesures nous paraissent plus équitables que l’allongement de la durée de vie active pour améliorer le taux de pension. Êtes-vous prêt, monsieur le ministre, à corriger ces injustices, qui concernent les femmes et que notre groupe a déjà pointées à plusieurs reprises ?
Sur un sujet aussi grave, nous aurons à cœur de trouver, au sein de la majorité sénatoriale, comme à notre habitude, une solution de compromis acceptable par tous.