Mes chers collègues, afin d'échanger sur l'évolution du secteur de la radio à l'heure du développement de la radio numérique, le DAB+, je suis heureux d'accueillir en votre nom ce matin M. Roch-Olivier Maistre, président de l'Arcom, Mme Constance Benqué, présidente du Bureau de la radio, Mme Sibyle Veil, présidente-directrice générale de Radio France, M. Christophe Schalk, président du Syndicat des radios indépendantes, et M. Emmanuel Boutterin, président du Syndicat national des radios libres.
Comme le rappelle régulièrement le président de l'Arcom, la radio est le média préféré des Français, celui qui les accompagne dans leur vie quotidienne.
C'est aussi un média historique qui a joué un rôle important dans notre vie démocratique, comme vient de le rappeler la reconstitution, il y a quelques jours, de la première diffusion de l'Appel du 18 juin du général de Gaulle par un logiciel d'intelligence artificielle.
Les nouvelles technologies sont en effet devenues un enjeu important pour l'avenir de ce média. La radio est aujourd'hui confrontée à la concurrence de nouvelles offres comme les plateformes de musique en ligne et les services de podcasts. Elle doit continuer à se moderniser, ce qui pose la question de ses modes de diffusion.
La FM a démontré sa pertinence depuis une quarantaine d'années. Elle a permis l'éclosion de nouvelles antennes sur tout le territoire, ainsi que la constitution de grands réseaux écoutés par la jeunesse.
Mais cette technologie a également montré ses limites avec une qualité d'écoute inégale, une disponibilité des fréquences insuffisante et un coût de diffusion important. D'autres modes de diffusion sont apparus, comme l'IP et la radio numérique, qui apparaissent plus homogènes dans la qualité d'écoute, apportent davantage de services et coûtent moins cher en frais de diffusion.
Nous sommes bien conscients des difficultés que rencontrent les radios aujourd'hui, avec une désaffection de certains publics et un marché publicitaire de plus en plus disputé par les acteurs du numérique. L'opérateur public a, pour sa part, connu une baisse en niveau de ses moyens d'une vingtaine de millions d'euros depuis 2018. Alors que les recettes des radios sont donc orientées à la baisse, leurs postes de dépenses ne sont pas épargnés par les hausses de coûts.
C'est dans ce contexte qu'intervient le développement du DAB+, qui oblige de nombreux acteurs à devoir financer une double diffusion, à la fois en FM et en DAB+, ce qui n'est pas à la portée de toutes les radios.
Si nous avons souhaité vous entendre ce matin, c'est évidemment pour connaître votre analyse de la situation et la stratégie des acteurs que vous représentez, mais également pour essayer de nous projeter à l'horizon de 2030 ou 2035. Est-ce que nous devons considérer que le DAB+ constituera toujours d'ici là un mode de diffusion complémentaire ou bien devons-nous partir du principe que la radio numérique est appelée à se substituer à la FM ?
Dans le premier cas, le recours au DAB+ demeurerait un choix propre à chaque acteur alors que, dans le second, il reviendrait nécessairement à l'État et au Parlement de demander à l'Arcom d'organiser une transition, avec comme perspective une extinction de la FM.
Si nous avons souhaité organiser cette table ronde, c'est aussi parce que la stratégie des pouvoirs publics ne nous semble pas suffisamment claire sur ce sujet. Certes, l'Arcom poursuit le déploiement du DAB+ qui devrait, en 2023, couvrir la moitié de la population métropolitaine, mais il ne faut pas confondre couverture des populations et usage de cette technologie. La plupart des Français semblent ignorer l'existence même de la radio numérique qui, pourtant, s'impose dans les voitures comme l'avenir de la radio.
La France a pris du retard dans le développement du DAB+, mais cela ne signifie pas qu'il ne sera pas prochainement comblé. Faut-il, dans ces conditions, développer une politique publique ambitieuse afin d'accompagner à la fois les radios pour qu'elles diffusent en DAB+, mais également les Français pour qu'ils adaptent leurs usages ?
Est-il nécessaire que l'État aide l'ensemble des acteurs à engager cette transition, et avec quels types de dispositifs ? Voilà quelques questions que nous souhaitons vous poser sachant que, dans notre esprit, c'est l'appropriation par une très large majorité de Français de cette technologie qui pourra, in fine, poser la question de l'arrêt de la FM. Nous en sommes donc très loin.
Je vais céder la parole au président de l'Arcom afin qu'il nous présente un bref état des lieux du DAB+, puis chaque intervenant pourra s'exprimer.
Notre collègue Jean-Raymond Hugonet vous posera ensuite une première série de questions, puis les autres collègues vous interrogeront à leur tour.
Je vous rappelle que cette audition est captée et diffusée sur le site Internet du Sénat.
Monsieur le président de l'Arcom, je vous cède la parole.