Je représente un syndicat de radios indépendantes françaises, dont beaucoup ont été créées au début des années 1980.
Elles sont 170 à être aujourd'hui fédérées au sein de notre structure, et il se trouve que nous faisons en ce moment le tour de France de tous nos adhérents - Lyon hier, Bordeaux la semaine dernière. La question du DAB+ est toujours abordée lors de nos échanges. C'est une préoccupation réelle pour les acteurs que nous représentons.
Nous touchons chaque jour, au travers de ces 170 stations, 7 millions d'auditeurs. La période de crise sanitaire passée a prouvé notre rôle depuis 40 ans.
Nos radios ont peut-être été considérées comme des médias de papa, mais ce qui est fabriqué au bout de la rue est devenu très tendance, et nous sommes aujourd'hui considérés comme vertueux, alors que nous le sommes depuis la création de nos stations.
Nos 170 adhérents emploient 2 500 personnes en France, dont 500 journalistes. Nous regroupons des radios thématiques, musicales, parfois avec des diffusions larges, parfois nationales. Nous rassemblons des radios locales et régionales, ainsi que des acteurs qui ont choisi de se concentrer exclusivement sur ce mode de diffusion.
Je suis moi-même acteur de la radio en Alsace. Je salue ici Claude Kern, ainsi qu'Elsa Schalck, sénateurs du Bas-Rhin.
Il y a dix ans environ, les premières zones à être couvertes par le DAB+ étaient Paris, Marseille et Nice. Nos adhérents ont été parmi les premiers à prendre part à cette initiative, qui était quelque peu hasardeuse à l'époque. Cela fait neuf ans qu'apparaissent sur nos comptes des coûts de diffusion. Tous nos adhérents vivent exclusivement de la publicité.
Cette double diffusion constitue un coût réel. Certains de nos adhérents n'y croient plus et baissent les bras. Il est donc important de les accompagner et de fixer un cap.
La souveraineté de notre diffusion est stratégique. On l'a vu récemment lors de bras de fer entre opérateurs de télévision. Nous ne voulons pas vivre cela. La FM nous a permis d'être souverains en matière de diffusion.
L'expérience de Radioplayer va également en ce sens. Nous ne dépendons de personne. Le DAB+ nous permet de rester maîtres de notre diffusion. C'est essentiel, et nous ne voulons pas dépendre des fournisseurs d'accès Internet qui sont souvent logés ailleurs qu'en France.
Depuis quelques mois, on assiste à un radio bashing régulier : à chaque fois que les audiences sont proclamées, on dit que la radio perd du terrain. Il est vrai que les crises sanitaires ont engendré des modifications. Pour autant, 40 millions de personnes nous écoutent régulièrement, soit 93 % des Français. Voyons le verre à moitié plein : la radio reste puissante. À nous de faire ce qu'il faut pour qu'elle le demeure demain. Nous sommes convaincus que pendant quelques années encore - cinq, dix, quinze, trente, cinquante ans -, la radio continuera à fonctionner si on prend le virage.
Je rappelle qu'il y a dix ans, le CSA nous incitait à mener l'expérience du DAB+. Nous l'avons fait.
Les acteurs nationaux - et c'est le deuxième point de satisfaction - nous ont rejoints dans cette aventure, et nous avons réussi à créer l'association de promotion « Ensemble pour le DAB+ ». Il faut que nous ayons à présent les moyens de nous adresser au grand public et à la population au sens large pour intégrer ce mode de réception dans ses habitudes de consommation.
Enfin, la question de l'extinction de la FM se posera un jour. Actuellement, le DAB+ n'est pas encore mature. Pour autant, la diffusion en DAB+ est particulièrement vertueuse en matière de consommation d'énergie. Si nous pouvons nous passer de ces doubles coûts de diffusion dans dix ou quinze ans, nous applaudirons des deux mains.
Je ne voudrais pas que nous soyons considérés comme opposés à l'arrêt de la FM. C'est simplement une question de calendrier. Il faut que nous en parlions, bien entendu.
Je répète que l'accompagnement de nos adhérents est maintenant nécessaire. C'est un cap que nous partagerons avec l'ensemble des acteurs.