Je tenais à vous remercier pour cette table ronde. Je remercie également le délégué général du syndicat, Christophe Beitbeder, qui pourra répondre à certaines questions le cas échéant.
Je sais que votre institution a toujours été très attentive aux radios locales, notamment aux radios locales associatives, et ce depuis 1981.
Nous sommes, comme vous, sur les territoires. Les radios associatives représentent 700 très petites entreprises, qui comptent un à huit ou dix employés, soit au total 2 400 salariés, très résilientes et très actives sur les territoires, notamment en cas de crise, d'où l'intérêt de poursuivre la diffusion par voie hertzienne, qu'elle soit en FM ou en DAB+.
Nous comptons 1,4 million d'auditrices et d'auditeurs fidèles et avons depuis longtemps abordé le virage du numérique.
Nous avons commencé nos premières expérimentations sur les lieux mêmes de notre siège social, la tour Philips, actuellement en rénovation, en Seine-Saint-Denis, avec le soutien de la Deutsche Welle et de l'université de Shanghai. Cela a été une aventure extraordinaire. Nous avons commencé à expérimenter certaines normes de diffusion, d'abord le DRM, puis le DAB+.
Nous avons lancé à Nantes, avec le soutien du CSA à l'époque, le premier multiplexe, qui émet depuis 2010 et qui a été régularisé au fur à mesure de notre histoire. Nous avons toujours été convaincus, sur le plan national ou sur les territoires, de la nécessité de la modernisation de la diffusion pour maintenir la diversité des éditeurs de radio, accroître le potentiel d'auditrices et d'auditeurs et bénéficier d'un confort d'écoute incomparable, même par rapport à la FM.
L'intérêt du DAB+, c'est son accessibilité universelle et sa gratuité. Il existe bien évidemment d'autres modèles, et on sait que certains poussent vers les GAFA et leurs filiales, ainsi que vers le tout IP.
C'est pour tout le monde un défi industriel sur lequel il faut se pencher et qu'il nous faut réussir, même si nous sommes un peu en retard.
C'est un défi pour la diversité des éditeurs, la qualité d'écoute et un défi industriel pour l'équipement des ménages et la mobilité - je parle ici des véhicules -, avec des marges de manoeuvre et de valeur ajoutée qui, pour nos fabricants européens et les distributeurs de postes, est considérable.
C'est un marché de plusieurs milliards d'euros qu'il faut arriver à occuper. Pour réussir, il faut accompagner les éditeurs quels qu'ils soient, privés ou nationaux, simplifier leurs démarches, les soutenir financièrement, tout comme les éditeurs territoriaux que nous sommes - je sais que tout le monde ici y sera particulièrement attentif, puisque notre modèle économique passe en partie par la subvention.
C'est la loi de 1986 qui a instauré un système d'aides publiques pour les radios locales et associatives, rassemblant l'ensemble de l'arc politique à l'époque, avec la bienveillante attention de François Léotard, qui instaura une aide et un soutien public partiel aux radios associatives remplissant un cahier des charges relativement exigent et très contrôlé.
Nous voulons relever ce défi. Nous nous y sommes préparés historiquement, nous y croyons, car il y va de l'intérêt du pays sur le plan industriel. Il faut arrêter de vendre de la « camelote » chinoise à 19 euros, qui dégoûte l'auditeur du DAB+. Il faut réguler cette distribution, adopter des normes de qualité pour les récepteurs et faire baisser leur prix pour que l'ensemble des ménages puissent s'équiper, notamment à la maison.
Pour les véhicules, depuis l'obligation du 1er janvier 2021, entre 2 millions et 3 millions de véhicules sont primo-équipés. C'est une bonne nouvelle. L'ensemble de la Nation doit donc réussir ce défi industriel pour des raisons strictement économiques, et le taux d'équipement des véhicules progresse doucement avec le renouvellement du parc automobile. C'est bon signe.
Nous ne pouvons donc plus reculer au regard du défi industriel que nous devons relever aujourd'hui. La politique des arcs et des noeuds a permis que les grands opérateurs rejoignent les éditeurs territoriaux locaux, que ce soit les radios locales commerciales ou les radios locales associatives. C'est une excellente chose, même si cela s'est fait un peu tardivement. Il faut maintenant obtenir le soutien de la puissance publique.
Pour cela, faut-il suivre la voie mise en oeuvre pour la TNT par le Président Chirac, qui avait mis de l'argent sur la table, avec l'aide de la présentation nationale ? Je n'en sais rien, mais il faut ouvrir ce débat à ce stade.
La planification existe, il n'y a pas besoin d'en faire plus. Certains pensent qu'il faut l'accélérer. L'Arcom a-t-elle les moyens de le faire ? La feuille de route est là. Il faut à présent la respecter.
En revanche, l'Arcom a une difficulté - et cela concerne les acteurs du territoire, sénatrices et sénateurs comme radios locales : la territorialité de la planification. Il n'est pas sûr que la couverture de l'ensemble des zones blanches en termes de DAB+ soit aujourd'hui efficacement planifié.
C'est pourquoi je suggère une solution « distributeur » en faisant en sorte que l'Arcom lance un appel à candidatures sur les zones rurales, notamment en montagne, mais également dans les bassins de vie, d'emplois et d'écoute inférieurs à 50 000 habitants, pas ou peu couverts, sauf dans le pourtour des grandes métropoles, où il existe un déficit de radios autorisées en DAB+ et manifestement d'appels à candidatures.
La solution « distributeur » est prévue par l'article 28-4 de la loi de 1986. C'est l'Arcom qui a la main dessus. On peut confier à un distributeur, qui peut être un opérateur de multiplexe, le soin de planifier la couverture d'une zone territoriale semi-urbaine, rurale ou de montagne.
Par ailleurs, l'article 29 concernant les zones de montagne a été aménagé il y a deux ans.
Le recours à cette solution pourrait contribuer à réaménager ou à accélérer le déploiement du DAB+ dans des zones moins denses, qui sont insuffisamment planifiées et occupées.
En second lieu, on parle beaucoup d'implantation de puces favorisant la réception hertzienne FM ou DAB+ dans les smartphones. On a manqué le virage il y a une dizaine d'années. Le Mexique l'a réussi. Nous ne nous sommes pas penchés sur cette question et n'avons pas réussi à imposer l'activation de ces puces dans les smartphones.
Les gens écoutent la radio au travers des smartphones et sur l'IP, puisque c'est possible à peu près partout. Il y a donc là un défi.
Il faut s'opposer à certaines idées consistant à remplacer la FM par l'IP, voire à arrêter l'implémentation de puces dans les smartphones. Ce sont des idées poussées par les GAFA qu'il faut arrêter de répandre, car il faut maintenir la possibilité pour les opérateurs de faire ce qu'ils ont envie de faire et laisser le marché travailler en fonction des appétences et des intérêts de chacun.
En revanche, sur la bande UHF, la responsabilité de la 5G Broadcast relève non pas de l'Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP), mais de l'Arcom. Je me permets de signaler qu'il y a là un gisement de diffusion pour l'ensemble des opérateurs.