Intervention de Sibyle Veil

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 25 janvier 2023 à 8h35
Avenir de la radio à l'heure du dab+ — Audition de M. Roch-Olivier Maistre président de l'arcom mmes constance benqué présidente du bureau de la radio sibyle veil présidente-directrice générale de radio france Mm. Christophe Schalk président du syndicat des radios indépendantes et emmanuel boutterin président du syndicat national des radios libres

Sibyle Veil, présidente-directrice générale de Radio France :

Nous avons aujourd'hui besoin de visibilité. Chacun voit bien qu'il existe un enjeu. Nous ne voulons pas fragiliser le média. Nous souhaitons donc que la transition soit suffisamment longue et bien menée pour ne pas perdre d'auditeurs, mais plus elle sera longue, plus ce sera coûteux. Or il y a eu beaucoup d'hésitation avant de lancer cette nouvelle technologie, aucun acteur n'ayant économiquement intérêt à investir massivement sans savoir si les choses vont aller jusqu'au bout.

La question est de savoir dans quel délai cette nouvelle technologie se substituera à la FM. C'est le premier besoin des acteurs économiques. Tout le monde pourra alors fonder sa stratégie et arrêter ses décisions financières.

Je rappelle que Radio France a cherché à donner des signaux à l'ensemble du secteur sur cette question dès 2018. Lors de ma première audition devant le CSA en tant que candidate à Radio France, j'avais pris l'engagement d'aller vers le DAB+ et de le soutenir, ce que nous avons fait sans équivoque ces dernières années.

Je rappelle aussi que le service public a éteint ses ondes longues et ses ondes moyennes plus tôt que l'ensemble du secteur en ayant le souci d'envoyer des signaux positifs. Les économies faites à cette occasion ont été restituées au contribuable en 2015 et 2016, Radio France étant responsable de la dépense publique.

La visibilité doit comporter certains accompagnements législatifs, fort bien rappelés par le président de l'Arcom. La présence du DAB+ dans les véhicules est indispensable. Avec les développements des tableaux de bord connectés, les constructeurs automobiles ont tendance à sous-traiter aux GAFA l'infotainment au sein des véhicules. Aujourd'hui, ce sont Google, Apple, Amazon qui opèrent ces tableaux de bord connectés.

Cela rejoint la question posée par Catherine Morin-Dessailly sur la musique : peut-être qu'un jour, les automobilistes pourront disposer d'Amazon Music, Apple Music, YouTube, mais qu'ils auront très difficilement accès aux radios nationales.

Or si la scène musicale française est aujourd'hui aussi forte, c'est bien parce qu'il existe des acteurs de la radio pour la soutenir, la faire connaître, la faire durer et la rendre visible. Je pense donc que le fait de préserver le média radio et ses conditions de distribution est une condition essentielle pour notre souveraineté dans ce domaine.

Enfin, nous sommes réunis avec l'ensemble des acteurs privés dans Radioplayer, qui est une technologie européenne qui a la particularité d'être hybride. Elle passe du DAB+ à l'IP. Je pense que l'avenir de la radio se trouve dans des modes de réception hybrides et dans la continuité des différents appareils. C'est là-dessus qu'il faut que nous travaillions collectivement.

Une réflexion comme celle qui est proposée par le président de l'Arcom doit permettre d'avoir un coup d'avance par rapport à ce que l'on veut faire ensemble pour continuer à faire en sorte que le média radio demeure moderne, attractif et diffusé dans les meilleures conditions de simplicité possible afin de toucher le public que nous voulons.

Dans le cas contraire, le public écoutera YouTube chez lui ou dans sa voiture, sans avoir à passer par la radio. C'est tout l'enjeu de fond. Il faut que l'ensemble du secteur demeure uni derrière celui-ci.

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