Intervention de François de Mazières

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 1er février 2023 à 9h30
Transition écologique du bâti ancien — Audition de Mm. François de Mazières maire de versailles boris ravignon président de l'agence nationale de la transition écologique jean-françois hébert directeur général des patrimoines et de l'architecture au ministère de la culture fabien sénéchal président de l'association nationale des architectes des bâtiments de france et Mme Grégorie duTertre directrice du conseil d'architecture d'urbanisme et de l'environnement de seine-et-marne

François de Mazières, maire de Versailles :

La question des DPE est revenue souvent lors de cette table ronde. Il est important que les diagnostiqueurs aient une formation particulière sur le patrimoine, car celui-ci ne peut être traité exactement comme le bâti récent.

Les ABF jouent un rôle de garant important, mais se pose la question de leur nombre : lorsque l'on rend 4 000 avis, il est difficile de prendre le temps pour trouver la meilleure manière d'adapter les dispositifs pour concilier au mieux les objectifs en matière de transition énergétique et de préservation du patrimoine. Cette année, seuls trois postes d'ABF ont été créés. On manque aussi de candidats. S'agissant de la formation, le ministère a fait des efforts. Le palmarès Reseda, premier palmarès national en faveur du développement durable destiné aux étudiants des écoles nationales d'architecture, constitue une initiative intéressante. Il n'en demeure pas moins qu'un rattrapage est nécessaire en ce qui concerne les formateurs. On manque aussi d'artisans spécialisés.

Le recours à des techniques particulières dans l'ancien coûte plus cher. La question est d'améliorer le financement. Le label de la Fondation du patrimoine constitue un levier de financement efficace. Pourquoi ne pas l'élargir à la rénovation du petit patrimoine, qui est très peu protégé ? On pourrait aussi envisager une fiscalité particulière pour l'emploi de matériaux biosourcés. Rien de tel qu'une incitation financière pour décider les promoteurs à recourir au chanvre, autrefois utilisé comme isolant, ou à la terre, comme dans l'expérience « Cycle Terre ». Pourquoi également ne pas délivrer des certificats d'énergie pour des opérations de rénovation dans l'ancien ? Cela soutiendrait des opérations plus localisées et permettrait de mobiliser des entreprises pour rénover le patrimoine de proximité. Le dispositif Malraux est aussi efficace, en dépit des critiques.

Enfin, il faut s'interroger sur les priorités. En tant que maire, je suis très attaché à la notion de ville verte. Nous avons commencé à rénover nos quartiers sociaux depuis une quinzaine d'années. L'isolation est plus facile et efficace. Il existe de nombreux soutiens financiers de l'État, qui permettent de transformer des quartiers. Nous avons ainsi rénové à Versailles 1 300 logements d'un quartier social, avec une isolation par l'extérieur et en employant des briquettes élégantes, ce qui contraste avec les barres blanches que l'on voyait avant. On a modifié ainsi l'aspect du quartier tout en faisant des économies d'énergie. Il importe donc de définir nos priorités. Essayons d'être efficaces plutôt que de se poser des problèmes quant à la préservation d'un bâtiment historique, dès lors que l'on n'est pas très sûr de ce que l'on doit faire. Les murs épais d'un immeuble ancien du XIXe siècle constituent la meilleure des climatisations. Il faut le rappeler. Attention à ne pas détruire ce qui fait la beauté de notre patrimoine et de nos coeurs de ville.

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