Intervention de Fabien Sénéchal

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 1er février 2023 à 9h30
Transition écologique du bâti ancien — Audition de Mm. François de Mazières maire de versailles boris ravignon président de l'agence nationale de la transition écologique jean-françois hébert directeur général des patrimoines et de l'architecture au ministère de la culture fabien sénéchal président de l'association nationale des architectes des bâtiments de france et Mme Grégorie duTertre directrice du conseil d'architecture d'urbanisme et de l'environnement de seine-et-marne

Fabien Sénéchal, président de l'Association nationale des architectes des bâtiments de France :

Je reviendrai sur la chaîne de construction des projets de rénovation : la place des architectes doit être développée. Toutefois, aucun architecte n'intervient sur un projet de rénovation d'une maison, car ces missions ne rapportent pas assez et les architectes ne sont pas assez nombreux. Ce sont plutôt les artisans qui sont en première ligne. Cela doit pousser à nous interroger, d'autant plus que 80 % du budget est consacré dans ce cas à obtenir 20 % du résultat. Cela pose la question du projet global, essentiel dans une opération de rénovation énergétique, car il permet de s'intéresser la qualité du bâti tout en procédant à la rénovation énergétique. Cela suppose d'avoir une vision globale du projet, et donc de recourir à des spécialistes, qui pourront identifier les vrais sujets, donner les bons conseils et donc faire économiser de l'argent. C'est ce que font les ABF, au même titre que les CAUE. Nous rendons 4 000 avis chacun par an dans le Finistère. Nous prenons néanmoins le temps d'étudier les projets et d'expliquer aux personnes comment procéder.

Outre les architectes, il faut se demander qui est formé pour intervenir dans un projet global. La place des ingénieurs thermiciens est cruciale, mais, tout comme les diagnostiqueurs, ils ne sont pas forcément formés à intervenir sur les vieux bâtiments. Il faut donc mettre l'accent sur la formation de toute la filière. Nos artisans ont parfois perdu les compétences pour intervenir dans le bâti ancien. Toutefois, les jeunes artisans sont motivés et ont envie d'apprendre.

La question du coût a été soulevée à plusieurs reprises. En effet, le coût des rénovations du patrimoine est plus élevé. Tant qu'il sera plus intéressant de construire ex nihilo dans un champ, on aura du mal à intéresser des investisseurs ! Mais la mise en oeuvre de l'objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN) modifie la donne. Il est vrai toutefois que le coût est souvent plus élevé dans l'ancien - même si le recours à un architecte peut être source d'économie ! -, car les travaux sont plus compliqués, les matériaux sont différents, etc. Mais il faut aussi se demander à qui profite le coût. En fait c'est du temps humain pour des activités non délocalisables : un menuisier du patrimoine va chercher son bois localement, il le travaille, etc. Au lieu de profiter à des acteurs internationaux, l'argent profite au tissu économique local. Finalement, il est difficile de parvenir à modéliser le coût réel d'une rénovation dans son ensemble. J'ajoute que le coût énergétique de production des matériaux industriels, comme le PVC ou le polystyrène, est beaucoup plus important, tandis que leur durée de vie est plus faible que celle des matériaux traditionnels. Une isolation par l'extérieur durera 15 ans ; il faudra donc recommencer les travaux périodiquement. Le coût énergétique des solutions industrielles de construction et de rénovation doit donc être réévalué.

Les ABF sont très sollicités. Il leur est donc de plus en plus difficile d'être disponibles en amont pour faire du conseil, discuter avec les porteurs de projet, mais nous essayons toutefois de le faire, car c'est indispensable. Les SPR constituent un dispositif judicieux, qui permet de réunir tous les acteurs pour définir ensemble les démarches à suivre. Les directives des ministères de la culture et de la transition écologique sont aussi importantes pour mieux faire comprendre le cadre dans lequel nous travaillons.

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